Jack Burton est un personnage taciturne et silencieux, il n'aime pas le contact humain qui s'est limité depuis sa jeune enfance à railleries, insultes, agressions, haine. Il trouve du confort dans la solitude et l'obscurité.  Il nourrit une passion pour les pièces de théâtre et les mélodrames. Sa mère étant une ancienne actrice dont il a hérité le vocable...C'est une personne très sensible et attentionnée, en dépit des apparences, et si on enlève les dédoublements de personnalité, qui le rendent extrêmement violent, cruel, sadique et sarcastique, bien sûr. Il n'est pas très bavard et dis rarement ce qu'il pense. Il est très observateur et connait assez bien le genre humain pour pouvoir le manipuler. Les rapports qu'il a avec les autres humains sont très réduit et restent professionnel. Il n'éprouve plus aucun scrupule à tuer les gens qui se dressent sur son chemin ou nom. Après tout, c'est un mal nécessaire et toutes les vies qu'il détruit, il s'engage à les restituer un jour. Cet objectif fait de lui quelqu'un de très dangereux, dans le sens ou les règles de morale ou d'éthique ne s'applique plus à lui.  Il est très dur avec lui même et peut même aller jusqu'à s'imposer les pires souffrances, sans se plaindre, si c'est nécessaire. S'il fait preuve d'un self contrôle impressionnant c'est que ses colères ne sont pas belles à voir;

Jack est une personne assez grande, il mesure 1m87 environs, pour 75Kg. Il n'est pas très costaud, sans être frêle non plus et possède la force d'une personne normale. Il a la peau blafarde et pâle et des cheveux noirs qui contrastent grandement avec sa couleur de peau. Il est relativement mince et a les joues creusées, ce qui a tendance à lui donner une apparence morbide. Il cache ses yeux et ses paupières tombants par une frange qui lui couvre la moitié de son visage. Son nez pointu en bec de corbin et ses lèvres fines, ne font que renforcer son rapport avec la mort. Il ne souris jamais et a un regard triste.  Il a gardé son vêtement de travail, datant de l’époque où il était employé dans des pompes funèbres. Il est constitué d'une chemise noire, d'un pantalon de travail et de bottes de chantier. Il porte souvent une parka noire rapiécée aux extrémité et aux manches retroussées. Le col lui monte jusqu’à la bouche et possède une capuche capable de couvrir efficacement son visage. Il porte une paire de gants de travail sans doigt. Enfin, Il garde toujours une pelle à proximité, ne sait-on jamais si il devait enterrer quelqu'un...

Jack Burton est le dernier né d’une famille s’occupant des pompes funèbres de leur petit village.Son père tenait cet établissement de son père qui le tenait de son père.  Il leur avait donné une éducation stricte et s’efforçait de lui inculquer les valeurs du travail et de l’effort  à lui et son frère aîné.
Dès son plus jeune âge, ses parents se rendirent compte que Jack n’était pas comme son frère, William, pas comme les autres enfants tout court.  En effet cet enfant voyait des choses que les autres ne voyaient pas, ni son frère, ni son père ou sa mère. Il avait montré quelques signes dès son plus jeune âge, alors qu’il n’était qu’un nourrisson. On pensait qu’il n’était pas alarmant que bambin, il désigne ou essaie d’atteindre des choses  qui n’étaient pas là. Ses parents commencèrent à s’inquiéter de ses mauvaises manies quand il atteint l’âge de raison.

Le jeune  jack était un enfant taciturne, triste et sans vie qui occupait le peu de temps libre qu’il lui restait à lire, après avoir aidé son père et son frère dans leur travail. Il avait pris l’habitude de  se reposer aux pieds d’un saule.  Jack aimait cet endroit où il se sentait en sécurité; les branches tombantes de l’arbre lui conféraient un abri à l’ombre et au calme. Il n’aimait pas beaucoup la lumière du soleil qui lui irritait les yeux. Il passait énormément de temps enfermé dans la morgue, là où la lumière du soleil n’entrait jamais.  Il avait fini par se sentir en sécurité dans la pénombre.

Un jour alors qu’il lisait comme d’habitude,  un homme vint à sa rencontre.
« - Ca alors ? Où est-ce que je suis ? Interrogea l’homme.
Jack leva la tête un instant, le regarda avec indifférence et replongea dans sa lecture.
-Homme : Gamin ! Réponds-moi ! Que s’est-il passé ? S’impatienta-t-il.
- …la milice du village, répondit enfin jack, après quelques instants, d’un ton monocorde.
-La milice du village ? S’ils me trouvent ici je...
-Ils ne vous trouveront pas. Coupa l’enfant.
-Comment ça ? interrogea l’homme, confus.
-Mon père et mon frère, ils se sont occupés de vous, ils ne vous chercheront plus… »

Jack se tut quand un ballon roula à ses pieds.  Il regarda  dans la direction d’où venait l’objet rond. Et remarqua un groupe d’enfant.
« -Oh regardez c’est cet idiot, le fils du croque-mort ! Renvoie-nous le ballon ! Fit l’un d’entre eux.  C’était un jeune garçon du même âge que Jack environ. Il avait des cheveux blonds très clairs, presque blanc, ses yeux d’ambre pétillait d’une flamme d’intelligence.
Jack se leva pour leur porter le ballon.
-Attends ? Tu vas leur donner ? Questionna l’homme.
-Oui pourquoi ? Répondit Jack, le plus naturellement du monde.
-à qui tu parles ? Fit l’autre enfant.
-Ne fait pas attention à lui, Lance, il parait qu’il parle tout seul, il est tellement seul qu’il doit avoir des amis imaginaires. Répondit l’un des enfants du groupe.
- Tu as vu comment ils te traitent? Tu as trouvé ce ballon dans ton jardin, il est à toi ? Quand tu veux quelque chose, tu dois le prendre ! Rétorqua l’homme.
-Je ne suis pas comme vous ! Je ne suis pas un voleur ! S’indigna Jack.
-Tu m’as traité de voleur ?! Menaça Lance.
-Non ! Je…balbutiai le fils du croque-mort.
-Allez ! Tu ne vas pas te laisser faire, gamin ! Remet les à leur place.
-Arrêtez ! Allez-vous-en ! Je ne veux faire de mal à personne ! cria Jack à l’attention de l’homme.
-Quoi ? Tu me provoques ? Tu sais qui je suis ? Je suis le fils du chevalier Dulac, mon père il est au service du roi lui-même ! Si tu crois que tu me fais peur ! dit Lance, tout en se jetant sur jack. »

Le petit blond bouscula Jack qui tomba au sol. Jack se protégea avec la balle qu’il tenait dans la main, des coups du jeune Lance.  Jack n’était pas spécialement chétif, mais Lance était clairement plus fort que lui. Après tout, le garçonnet était destiné à devenir chevalier comme son père.  Il avait déjà dû suivre un entrainement spécial qui lui donnait un avantage, tandis que Jack, lui n’était qu’un humble ouvrier. 
« -Bandes de petits vauriens ! Qu’est-ce que vous faites à mon fils ?! »

Le combat fut interrompu par l’arrivé d’un homme plutôt mince, aux traits fin et à la peau pâle comme celle de Jack. Il était coiffé avec une raie sur le côté et était imberbe. Il était habillé avec ses vêtements de travail et avait encore son tablier taché de sang. Thomas Burton était le propriétaire de l’établissement qui était aussi son domicile, c’était accessoirement le père de Jack. Visiblement il avait été dérangé par le bruit.

« -Ah !! C’est le croque-mort ! Fuyons ! S’écrièrent les enfants.
-Ne t’avise plus de me défier, vaurien ! S’écria Lance en saisissant le ballon et en fuyant à toutes jambes. »

Jack se releva et ramassa le bouquin qu’il avait pris soin de poser avant de prendre la balle.
"-Tu aurais dû te battre et attaquer le premier, gamin ! Défends-toi un p…"

L’homme fut interrompu par Mr Burton qui le traversa comme s’il n’était pas là, comme s’il n’avait pas de substance et un bruit sec se fit en tendre : Le chef des pompes funèbres venait de gifler son fils.
-Encore toi ? Tu ne me cause que des problèmes ! Ne t’avise plus de me déranger lorsque je travaille ! Menaça Mr Burton. Jack avait encaissé la claque en silence, le choc avait néanmoins tourné son visage.  Il se tournait lentement vers son père.
« -Oui, père, ça ne se reproduira plus. »

Il regarda son père s’en aller, en caressant sa joue en feu. C’était ironiquement le rapport le plus chaleureux qu’il pouvait avoir avec son père.  Jack retourna à sa lecture et au fur et à mesure qu’il tournait les pages, des larmes coulaient silencieusement sur ses joues.
« -qu’est-ce qui s’est passé !? Il m’a traversé ? Gamin qu’est-ce qui m’arrive ?! demanda l’homme qui commençait à paniquer.
-…La mort. Répondit Jack avec une voix tremblante qui  avait du mal à masquer le fait qu’il pleurait. 
-La mort ?! Fit l’homme qui ne comprenait toujours pas.
-Vous êtes mort hier, la milice du village vous a pendu pour meurtre, mon père et mon frère William vous ont enterré hier…Maintenant laissez-moi seul !
-Non ! Ce n’est pas possible ! Je …oui, ça me revient je…non pas la corde ! Non pas ça… »

L’Homme se tint la gorge comme si, effectivement quelqu’un l’étranglait avait une corde. L’homme se roula par terre, en criant, revivant le soir de son exécution avant de complètement disparaître, laissant Jack, dans la pénombre des branchages du saule pleureur. Jack n’avait que 8 ans quand il comprit qu’il avait la faculté de voir les morts.

S’il est coutume de comparer les différents âges de la vie d’un homme ; le printemps de Jack tarda à venir. Il avait fait suite à une longue période hivernale. Sa vie avait commencé par un hiver long et glacial qui ne mourut qu’à l’âge de ses 14 ans. ..

Le dernier fils de Mr Burton finissait sa journée de travail. Il s’était installé comme d’habitude au pied du saule pleureur.  Jack avait pris l’habitude de lire les livres de sa mère qui adorait la lecture. C’était son seul moyen de découvrir le monde. Sa famille étant plutôt modeste, rares étaient les cadeaux offerts aux enfants, rare ? En fait Mr Burton n’offrait jamais rien d’autre que le chaud contact de sa main sur le visage des plus désobéissants, en gage de sa froideur.

Mr Burton était autrefois, pourtant, un homme heureux. Il avait une magnifique femme, Viola. Elle était d’une beauté insolente, une reine des glaces au regard qui brulait des flammes  de la passion, Elle avait de longs cheveux noirs et lisses et la peau blanche comme le neige, c’était une ancienne actrice éprise de drames et de tragédies, elle avait rencontré Thomas lors d’une de ses représentations, lui s’était éprise d’elle dès le premier regard, Elle avait trouvé son regard, froid et  profond comme une nuit sans lune, elle se perdait dans ses abysses, et passait de longues heures dans ses bras . Elle lui avait donné un jeune homme, son frère aîné William qui avait hérité des traits de sa mère et des cheveux châtain de son père. Il était devenu un beau jeune homme au visage ovale et rayonnant qui rappelait le soleil. Son charme ne laissait pas d’ailleurs pas indifférentes les jouvencelles du village… William avait atteint l’âge de se marier il s’éprit de la fille d’un riche commerçant qui n’hésita pas à la donner, voyant sans doute les bénéfices d’une alliance commerciale avec les Burton…

Oui, Thomas Burton avait de quoi nager dans le bonheur, malgré la sinistre besogne quotidienne.  Hélas, l’été de Mr Burton s’acheva lorsque sa femme tomba enceinte de leur deuxième enfant, Jack. La pauvre Viola perdit la raison, pour une raison qu’on ne s’expliquait durant la grosse. Elle voyait des choses, criait, fut prise de violentes crises de folies qui la poussait à se mutiler parfois, entraînant son entourage dans le chaos le plus obscur.

Quand Jack naquit, la folie de sa mère cessa. L’enfant hurlait comme, tout nouveau-né normal, elle le prit dans ses bras et se mit à fredonner une berceuse aux paroles incompréhensibles à cause des gémissements qu’elle poussait de temps à autre.  L’enfant cessa de pleurer et la mère cessa de parler depuis ce jour. 

Jack était le portrait de sa mère. Il avait la peau naturellement claire et des cheveux lisses d’un noir de jais qu’il coiffait habituellement d’une raie sur le côté.  Ses yeux noirs comme la nuit empêchaient quiconque de savoir ce à quoi il pensait vraiment.

Cet enfant ne pleurait pas. Il ne riait pas. Il était resté silencieux depuis le mutisme de sa mère. Thomas Burton désespérait de voir sa femme ainsi. Il commençait à se dire que l’enfant y était pour quelque chose. La méfiance se transforma en frustration et la frustration se transforma rapidement en haine. Qui ne montrait jamais par amour pour sa femme Viola. Celle-ci avait fini par se laisser dépérir, privé de sa passion la précieuse : Le théâtre. Muette elle ne pouvait plus interpréter ses rôles. Désormais, elle restait cloîtrée chez elle, dans sa chambre assise en face d’un miroir, contemplant l’ombre de ce qu’elle était auparavant. Mr Burton ne savait plus comment supporter la situation, il trouvait tous les prétextes du monde pour punir son cadet à la moindre occasion et portait son amour et son affection à son fils aîné, William. Bref, non, Mr Burton n’était pas heureux.

Mais aujourd’hui,  alors qu’il recevait la visite de la bande à Lance Dulac qui prenait un malin plaisir à le toiser régulièrement, une adolescente  s’interposa entre eux et Jack.
« -Vous n’avez pas honte de l’embêter ? fit elle.
-Ben, il est trop bizarre en plus il se laisse faire alors…dis l’un des enfants.
-C’est l’excuse la plus minable que j’ai jamais entendu, vous n’êtes que des lâches ! rétorqua l’adolescente.
-Qu’est-ce que t’as dit ?! répondit le gamin près à la frapper.
Son geste fut arrêté par la main de Lance.
-Arrêtes, les hommes ne doivent pas frapper les femmes ! Allons-nous-en. Déclara le fils Dulac. »
Le groupe de Lance s’en alla et la jeune fille s’approcha de Jack. Elle avait de longs cheveux ondulés d’un blond  qui rappelait un champ de tournesol.  Son odeur de lavande était enivrant et ses yeux deux émeraudes qui brillaient de mille feux.
« -Tu vas bien ? Je m’appelle Stella, et toi ? 
-….jack…Je m’appelle Jack, répondit-il timidement.
-Tu n’as rien de cassé ? Pourquoi est-ce que tu ne te défends pas ? Tu n’as pas l’air si faible que ça…
-Je…Je ne veux faire de mal à personne.
-Ah bon, c’est la première fois que je rencontre un garçon aussi gentil, mais si tu te laisses faire, on va te marcher dessus !
-Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude d’être seul. Taciturne.
- Mais tu ne peux pas rester tout le temps tout seul ! C’est trop triste !
-A bon ? Ça ne me dérange pas…
-Bon, Jack comme tu es tout seul dans cette ville et que je viens d’arriver dans le coin, j’ai décidé de revenir tous les jours pour te parler ! Tu seras mon premier ami du village, je travaille chez les fleuristes Rockbell sur la place du village. Je viendrais te voir après le boulot. A demain ! »
C’était la première fois que quelqu’un lui portait de l’attention. A l’intérieur quelque chose avait bougé ; il sentait son cœur battre, pour la première fois depuis sa naissance, il réalisa à quel point il était agréable d’être entendu et accepté tel qu’on est. 

Cette rencontre avait changé sa vision des choses et ses habitudes. Le travail était moins pénible quand il pensait à sa seule amie. Et cela se ressentait, son expression livide avait laissé place à un sourire discret. Son frère William fut le premier à s’en rendre compte. Son père le remarqua plus tard et ne put s’empêcher de le haïr pour ça. Après tout, Jack était responsable du mutisme et de la folie de sa femme, Viola ; Pourquoi avait-il droit d’être heureux ? En conséquence les tâches qui lui étaient confiées devenaient de plus en plus lourdes et éprouvantes, mais ça, Jack ne s’en souciait pas vraiment. Tant qu’il pouvait retrouver Stella à la fin de la journée, tout cela n’avait pas d’importance. Ces deux-là devinrent de très bons amis. Mais leur amitié innocente, ils n’étaient que des enfants, se transforma rapidement en autre chose, quelque chose de beaucoup plus intime, du moins pour Jack.  Ces années passées en compagnie de la fille des fleuristes, le rendait plus sociable. Il arriva même à intégrer le groupe de Lance, qui était à peu près de la même génération que lui.  Seulement, leur rapport n’avait pas vraiment évolué, il était toujours le mouton noir du groupe et était la cible des railleries des autres. Seule Stella prenait sa défense, comme d’habitude.

Avec l’adolescence, les sentiments des Jack envers Stella grandissaient, si bien qu’il ne pouvait s’empêcher de la désirer. Il ne pouvait plus rester que de simples amis. Cependant, il était extrêmement timide et surtout ne s’avait pas comment s’y prendre. Bien sûr, comme tout adolescent inexpérimenté il avait peur de sa réaction, et si elle le rejetait ? Non, il ne pouvait pas se permettre de la perdre. Il ne voulait pas redevenir le garçon solitaire qu’il était avant.  Il avait besoin de lui dire, chacune de ses rencontres avec elle, le rendait de plus en plus nerveux, il ne pouvait se détourner des lèvres charnues et aux couleurs fruités de la jeune fleuriste.  Son corps dessinait des courbes harmonieuses et son parfum floral l’envoûtait. Un fantasme de peintres. 

Mais avec les amours naissaient aussi les rivalités, jack n’était pas le seul intéressé par Stella. La plupart des garçons de son âge espéraient attirer son attention. Heureusement ou malheureusement, personne n’osait s’avancer avec elle. Lance en tant que mâle Alpha envoyait des signaux très perceptibles aux autres loups : personne de devait s’approcher d’elle.  Et personne n’osait contrarier le fils du chevalier. Il était plus fort, plus riche et plus charismatique que les autres, la figure du héros. Jack ne le détestait pas spécialement mais son aura était trop brillante pour lui, ce qui ne contribuait pas vraiment à ce que les deux adolescents deviennent amis.

Cette montée de testostérone convainquit le cadet des Burton à passer à l’étape suivante. Il devait lui avouer ses sentiments. Jack avait lu pas mal de pièces de théâtre de comédies et de drames romantiques,  la bibliothèque de sa mère en était remplie. Seulement, le fossé était grand entre fiction et réalité.

Comme chaque jour, Il s’adossa au pied du saule, cependant ces temps-ci, il réfléchissait à une approche.
« -Que faire ? Pensa-t-il à haute voix.
-Quoi donc ? Fit quelqu’un.
-Déclarer ma flamme à Stella. Répondit Jack.
-Oh tu es amoureux, comme c’est mignon. Se moqua la voix.
Jack leva les yeux et aperçut le corps éthéré d’un fantôme. C’était un homme d’une trentaine d’année. Un autre criminel qu’on avait pendu il y a quelques temps.
-Encore-vous ? Allez-vous-en !Ne trouvez-vous pas le repos ? lança Jack d’un ton sec.
-Ah Ah …Mr est susceptible en ce moment, alors petit puceau, comment s’appelle la gamine ? fit le fantôme.
-Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Vous êtes mort, arrêtez de m’embêter.
-je sais c’est cette fille, qui vient souvent. C’est vrai qu’elle est jolie, si j’étais vivant je taperais bien dedans. Répondit l’esprit avec un air pervers.
-Ne parlez pas de Stella comme ça ! Allez hanter quelqu’un d’autre ! Vous ne savez pas ce que je ressens ! S’énerva Jack.
-Oh, du calme petit, pourquoi crois-tu que j’hante encore ces lieux et pourquoi es-tu le seul à pouvoir me voir? Il doit y avoir un lien…Mais tu te trompes, moi aussi j’étais amoureux quand j’étais vivant.
-Hum, bon…ben…alors Stella et moi, on se connait depuis un petit moment et je voudrais aller plus loin dans notre relation, Finit par avouer Jack.
-Ah bon ? Et ben parles-le lui, les filles attendent toujours qu’on fasse le premier pas.
-Oui mais, et si elle ne m’aimait pas ? Et si elle me rejette ? Je ne veux pas me retrouver tout seul...En plus il y ce type Lance Dulac, il est très populaire avec les filles et il tourne toujours autour d’elle…
-Tues-le.
-Quoi ? Fit Jack un peu choqué.
-Tues-le ! Ne laisse pas ce petit enfoiré te voler la fille que tu aimes !
-Vous êtes fou ! Je ne pourrais jamais faire quelque chose comme ça !
-Alors tu vas perdre celle que tu aimes, comme moi, je ne pouvais pas supporter de la voir avec un autre, alors je l’ai tué.  Mais ce chien de Garreth Dulac m’a fait pendre, fait-nous plaisir et venge ma mort en tuant son idiot de fils ! Ça lui apprendra à cette ordure.
-Je ne suis pas un tueur, jamais je ne ferais ça ! Partez !
Même si il disait ça, les conseils du tueur désincarné avait fait germé une idée dangereuse dans la tête du fossoyeur. C’est vrai, tout serais plus simple si Lance venait à mourir…
-Allez gamin, fait-le pour moi ! Fait le pour nous !
-J’ai dit PARTEZ ! S’écria Jack. »

Le cri fit disparaître le spectre comme un nuage de poussière soufflé par une bourrasque. Ce boucan fit sortir quelqu’un de la maison. Jack couvra sa bouche en pensant qu’il aurait encore à faire avec Thomas Burton, son père.  Mais à sa surprise, et à son soulagement, il vit sortir son frère, William. Les deux frères n’étaient pas spécialement proches et ne se parlaient quasiment jamais. Pourtant leur rapports s’étaient améliorés depuis que Stella était entré dans la vie de Jack.
« -Jack ? Qu’est-ce qui se passe, pourquoi cries-tu ? Demanda le grand frère.
-Grand frère, je suis désolé, je ne voulais pas vous déranger. ..
-Ah je vois, tu es encore en train de parler tout seul, c’est une mauvaise manie que tu as, les gens se posent des questions sur ta santé mentale…
-Ah…Non…grand frère, je réfléchissais juste un peu à Stella…
-Stella ? La fille des fleuristes…Ne me dis pas que tu…es amoureux ? Incroyable, moi qui croyait que tu étais une sorte d’autiste, finalement tu es normal…
-Euh…c’est-à-dire que…
-Ne t’inquiètes pas je ne vais pas me moquer de toi, mais si je peux te donner un conseil : vas lui parler et dis-lui ce que tu penses d’elle, tout simplement. Si tu ne le lui dis pas, vous resterez des amis éternellement...
-Mais…Et si elle ne m’aime pas ?
- Si elle ne t’aime pas c’est qu’elle n’est pas faite pour toi ! Il y a plein d’autres filles dans le village, au moins si tu fais le premier pas avec elle, tu n’auras plus peur d’aller voir les autres…enfin tu devrais te dépêcher avant qu’elle rencontre quelqu’un d’autre, ça va vite à cet âge-là…
Jack fut surprit d’avoir une conversation aussi longue avec son frère. Il regagna ensuite sa chambre et se mis à penser au moment où il lui parlerait enfin.  Il descendit ensuite à l’atelier de sculpture. En tant qu’entreprise de pompes funèbre, les Burton étaient aussi des sculpteur et graveurs de pierres tombales.
Il passa une bonne partie de sa soirée à sculpter un petit pendentif représentant un cœur en marbre poli. Ce n’était certes pas exceptionnel, mais il trouvait qu’offrir des fleurs à une fleuriste n’était pas ce qu’il y avait de plus original à faire. 

Le lendemain, Stella et lui se donnèrent rendez-vous en haut d’une colline qu’ils avaient l’habitude de fréquenter. Elle donnait sur le village et à son sommet se trouvait un cerisier en fleur à cette période de l’année. Il  y avait une magnifique vue sur le village et les vastes collines verdoyantes environnantes. Le soleil brillait d’une lueur orangée à l’horizon, qui annonçait la fin de la journée. Stella était habillée d’une robe légère à fleur, et d’un chapeau à paille orné d’un œillet. Ces cheveux volaient dans le vent tandis qu’elle regardait la ligne séparant le ciel et la terre. Un vent de pétales de cerisier immortalisait son portrait de nymphe.

Les deux adolescents étaient assis là, comme d’habitude et un silence inhabituel s’était installé entre eux.  Jack décida, avec beaucoup de courage de briser le silence.
« -J’ai quelque…commença-t-il
-J’ai quelque chose d’important à te dire, Jack. L’interrompit Stella. 
Jack se bloqua, se pouvait-il qu’ils aient décidé d’avouer leurs sentiments en même temps ?
-Je…pardon, tu allais dire quelque chose ? S’excusa la jeune fille.
-Oh…non je t’en prie. ..Toi d’abord.
Penser qu’il n’avait pas à faire le premier pas le confortait dans sa démarche.
-Alors…voilà, on se connaît depuis longtemps, nous sommes devenus très proches, n’est-ce pas.
Jack acquiesça d’un sourire, sans dire mot.
-Je pense que je peux tout te dire…il y a ce garçon…Lance, il m’a avoué ses sentiments…
Voilà qui jeta un froid aux ardeurs de Jack.
-Et…Qu’est-ce que tu en penses ? Dit-il avec l’espoir d’entendre une réponse négative.
-Je...je crois que je l’aime aussi...Je …C’est juste que si on sort ensemble, on se verra un peu moins souvent…qu’est-ce que tu en penses…c’est bête, hein ?
-Oui c’est stupide ! Lance n’est qu’un gros prétentieux, comment tu peux me faire ça ? Pensa-t-il
-Non…pas du tout, si c’est ce que ressent et que tu es heureuse avec lui c’est tout ce qui compte. Je suis content pour toi. Lui répondit-il.
-Oh…merci ! J’avais peur que tu ne le prennes mal !
-Mais pourquoi, le prendrai-je mal ? Je serais toujours là si tu veux me parler.
-Tu sais ça ne change rien entre nous, nous serons TOUJOURS amis.
-Mais quel idiot je fais. Pensa Jack à nouveau.
-Me voilà soulagée…Au fait tu avais quelque chose à me dire ?
-Non, tout va bien. Je voulais juste te prévenir que je devais rentrer tôt aujourd’hui.
-Oh…Et bien…à demain ? Lui dit-elle en l’embrassant sur la joue. »

Jack, pris congé et rentra chez lui en traînant les pieds. Il remit son pendentif dans sa poche. Et s’enferma une fois rentré dans sa chambre. Quelque chose était mort en lui. Pour la première fois, il pleurait pour une autre raison que les claques que lui donnait son père.  La douleur était beaucoup plus intense. Il ne tarda pas à se renfermer à nouveau sur lui-même évitant le contact. Il n’avait plus goût en rien et à la place, noyait son chagrin dans le travail et l’isolement. C’est ainsi que le printemps de Jack laissa place à un triste automne. 

Le temps avait passé, jack avait maintenant une vingtaine d’année et son père commençait à se faire vieux. Désormais, c’était lui et son grand frère William qui tenait les pompes funèbres. Thomas Burton consacrait maintenant son temps à s’occuper de sa femme, toujours plongée dans un mutisme et un état catatonique.

William s’occupait de la gestion des comptes et travaillait en partenariat avec l’armée pour assurer les obsèques des guerriers tombés sur le champ de bataille. Car oui, le climat n’était pas très joyeux à cette époque.  La grande guerre d’Inquisition ravageait le pays, et le clergé envoyait ses messagers purger la population de ses habitants les plus impies. Une chasse aux sorcières dans un monde baigné de magie.

Jack n’avait pas d’opinion sur cette guerre, sinon qu’il ne comprenait pas sur quels critères on pouvait déterminer qu’un homme est bon ou mauvais. Il avait reçu une éducation religieuse de son père qui était très croyant, et en gardait quelques principes. Les saintes écritures étaient fascinantes et regorgeaient de paraboles et d’allégories. Néanmoins, il n’avait pas besoin de cet ouvrage pour reconnaître le vrai visage du mal.

Aussi étrange que ça paraissait, la plupart des esprits qui venaient le voir étaient toujours des criminels, et parler avec eux lui fit rapidement comprendre que le mal résidait naturellement dans le cœur de chacun. Dès lors qu’un homme avait des désirs, il y avait une chance pour que ces derniers le consument et qu’il ne cède à ses plus bas instincts. Lui qui aimait une femme inaccessible, ne pouvais que jalouser l’homme qu’elle avait choisi. Même la plus belle des choses qu’était l’amour pouvait faire faire des choses horribles. Un tel volais car il avait faim, un tel tuais par jalousie, pour la vengeance d’un être cher, d’autres étaient rejetés par l’univers et finissaient par le rejeter à leur tour, générant un cycle de haine. 

Oui, Jack connaissait bien la haine, mais il ne lui céda jamais, d’une part il suivait les principes des saintes écritures,  d’autre part il évitait au maximum le contact avec les gens.  Il savait très bien, malgré son jeune âge, que s’attacher aux autres ne pouvais mener qu’à la souffrance.
Il continuait à voir Stella de manière régulière, mais beaucoup moins souvent. Elle passait beaucoup de temps avec Lance. Et les périodes où ils pouvaient se voir, s’était quand, le chevalier partait au combat, car oui, au décès de son père, Lance repris son titre et ses responsabilités. 

Tant qu’il pouvait voir Stella, tout allait bien. Tant qu’elle était heureuse, le reste importait peu, même si au fond de lui son âme se consumait petit à petit à chaque fois qu’il l’imaginait dans les bras du chevalier, même si tout au fond de lui quelque part, il rêvait de prendre sa place.
William essaya en vain de lui présenter quelques autres femmes, mais il n’avait d’yeux que pour Stella, trouvant ses autres relations d’un ennui mortel. Toutes ces femmes, même si certaines dégageaient un certain charme, lui paraissaient superficielles et frugales. Toutes intéressées par les maigres bénéfices d’un homme travaillant pour le roi.

Il faut dire que la population était très pauvre et mis à part les travaux agricoles, on ne peut pas dire que  les perspectives d’enrichissement étaient nombreuses…

La famille de Stella fournissait les pompes funèbres en fleur pour décorer les tombes.  De ce fait, Stella passait souvent à l’établissement pour livrer les commandes…Seulement un jour, ce ne fut pas Stella mais Lance qui rendit visite aux Burton. Il frappa à la porte de l’établissement et William alla lui ouvrir.
« -Seigneur Dulac, quelle surprise, que nous vaut l’honneur de votre visite ? Rien de grave j’espère ? Accueilli William.
-Non, Non, Mr Burton, j’ai quelques mots à dire à Jack, est-il là ? Répondit le chevalier Lance.
-Ah, vous venez de le manquer, je crois qu’il est parti sur la colline, comme d’habitude. C’est un garçon énigmatique, vous savez…
-Oui…je sais, on ne pas dire qu’on soit amis, mais il trainait souvent avec nous quand nous étions enfant…Je vois, désolé du dérangement, je vais essayer de le retrouver. Merci de votre accueil. 
-Il n’a rien fait de grave ? S’inquiéta le grand frère.
-Non, j’ai simplement besoin de lui parler. Répondit-il avec une voix calme»

Lance pris rapidement congé et se dirigea vers le lieu qu’on lui avait indiqué.
Comme prévu, Jack se trouvait, là. Il était adossé contre le cerisier et lisait un roman comme à son habitude. C’était l’histoire de deux êtres qui s’aimait et que tout séparait…Cette histoire, lui rappelait son amour pour Stella, même si celle-ci, ne semblait pas l’aimer du même amour.
« -Stella ! Tu es enfin là, tu as du retard aujour…oh. Jack se retourna et remarqua la présence de Lance.
-Bonsoir, Lance. Dit-il d’une voix glaciale, mais polie.
-Pour toi c’est ‘Seigneur Lance’, Jack…Alors comme ça c’est ici que vous vous retrouvez toi et Stella quand je ne suis pas là ?
-Oui…Y a-t-il un problème à ce qu’on se voit ? Stella est mon amie. Répondit Jack sèchement.
-Oui, il y a un problème ! Tu crois que je ne vois pas ton petit jeu ? Tu crois que je ne vois pas comment tu la regarde ? Ca fait des années que tu lui tournes autour ! Tu croyais que je ne verrais rien. Accusa le chevalier.
-Qu…Quoi ? M..Moi et Stella, on est juste amis. Tu peux lui demander. Balbutia Jack.
- Je te préviens, arrêtes de tourner autour d’elle, nous allons bientôt nous marier et je ne veux pas que les gens s’imagines des choses ! Dès que  nous serons mariés tu devras disparaître de sa vie. Fait le où toi et ta famille ne recevrez plus le soutien de la cours, c’est très facile pour moi de faire ça. Rétorqua le blond.
-Vous…vous  marier ? La nouvelle choqua  plus que les menaces.
Lance dévisagea l’expression d’étonnement et de dégoût qui se dessina sur le visage de Jack.
-Je le savais, tu l’aimes n’est-ce pas ?
-je…moi ? Non…ce n’est pas ce que tu crois….nia le fossoyeur.
Le chevalier l’attrapa par le col, le plaqua contre l’arbre et le souleva.
-Ne mens pas ! Je peux le voir dans tes yeux, misérable !
Jack se tut et le silence fit place à une explosion de colère.
-Oui, c’est vrai ! Je l’aime ! Je l’aime depuis le jour où je l’ai rencontré, il n’y a pas une journée que je passe sans penser à elle ! Je crèverais pour elle ! Et alors ?! Qu’est-ce que ça peut te faire ?! Tu l’as déjà pour toi, tu as déjà  tout pour toi, le roi t’as fait noble, tu es de bonne famille, tu es chevalier, tu as un physique attirant ! Il fallait en plus que tu ais la femme que j’aime ! Ca ne te suffit pas ?! Il faut en plus que tu m’enlèves son amitié ?

Le fossoyeur profita de la surprise occasionné par cet excès de colère pour se défaire de l’étreinte de Lance. Ce dernier n’en revenait pas de voir ce visage et d’entendre ça de la bouche de Jack. Lui qui le considérait comme un lâche. Il réagit néanmoins aux aveux de Jack. Il se jeta sur lui et commença à le rouer de coups de poings, un peu comme le jour de leur rencontre.
« -Enfoiré ! Tu sais à qui tu t’adresses ?! Je suis le fils de Gareth Dulac, chevalier au service du roi ! Tu oses me défier ? »

Pour la première fois, rempli de colère, il répondit au provocations du chevalier. Avec l’énergie du désespoir il parvint à renverser la situation, et le frappa à son tour.
« -Je sais qui tu es ! Et je sais qui était ton père ! Tu n’es qu’un vantard ! Une brute épaisse ! Tu n’es même l’ombre de ce qu’était ton père ! Il m’a dit à quel  point il était triste de voir qu’après sa mort son fils était devenu un de ces nobles hautain qui exposait son rang comme un trophée au lieu de rester humble comme un chevalier le devrait ! »

Jack fut à ce moment-là complétement écrasé par son adversaire qui lui était repassé dessus.
« -Je t’interdis de parler de mon père comme ça ! Qu’est-ce que tu sais de lui ? Qu’est-ce que tu sais de moi ! J’ai travaillé dur, j’ai fait tout ce qu’il m’a enseigné ! J’ai souffert à ses côté sur le champ de bataille, et il est mort dans mes bras ! Il est mort en me protégeant ! Mon père m’aimait tu m’entends ? Et maintenant il est partit…par ma faute ! »

La colère de Jack se dissipait au fur et à mesure que Lance parlait, il avait une expression de colère mêlée à de la tristesse, qui s’effaça pour laisser place à des larmes, de vraies larmes, jamais il n’aurait cru voir ça sur le visage de son rival. Il n’était plus du tout fâché, au contraire, il éprouvait  de la compassion, voire de la sympathie pour le chevalier. Il se sentait stupide d’avoir remué une blessure aussi douloureuse pour des raisons égoïstes.  Il avait assisté à de nombreux enterrements et avait vu de nombreuses familles déchirées par le chagrin et pensait être imperméable à l’empathie  mais cette fois, la douleur et la tristesse était bien trop violente. C’était de la culpabilité, Lance se sentait coupable de la mort de son père. Comme tout chevalier, il ne devait pas montrer ses faiblesses en publique, et il s’était retenu, même lors de l’enterrement.  Et ses larmes pleuvaient maintenant, en même temps que ses poings, sur le visage de Jack.

Lance s’arrêta une seconde essoufflé par cette poussée d’adrénaline et la douleur qui le brulait de l’intérieur. 
« -Lance…je …suis désolé…je ne voulais pas…
Il fut coupé par les mains du chevalier qui se posèrent sur son cou et se resserrèrent.
-Ne parles…JAMAIS…plus…de Mon père comme ça, tu m’entends ?! TU M’ENTENDS ! Fit-il en serrant de plus en plus fort. »

Jack avait le souffle coupé et tentait de desserrer l’étreinte du chevalier avec ses mains. Mais ce dernier serrait tellement fort qui ne pouvait rien faire. Il se débattit et tenta de frapper Lance se défaire.
« -Arr….ête, je…peu…plus res…pirer dit-il le souffle court et en tapant des mains sur le sol. »
Mais Lance était aveuglé par la colère, son visage ruisselait mais expression était maintenant déformée par la rage. Il était sourd à tous les signaux de Jack et était sur le point de le tuer.
Dans geste de désespoir, Jack le poussa de toutes ses forces avec le pied. Il parvint à repousser son assaillant et repris son souffle.
« -Ecoutes, Lance, je comprends…je regrette d’avoir dit ça, mais je ne peux pas renoncer…tenta-t-il.
Il n’eut aucune réponse.
-…Lance ? LANCE ?! »

Le chevalier gisait inerte sur le sol, et un filet de sang s’écoulait de son crâne. Dans sa chute il avait percuté une pierre et s’était tué.  Jack s’approcha pour prendre son poul dans un mouvement de panique. Il ne sentait rien. Toute sa rage, toute sa peine, tout ça s’était envolé lors de sa mort, le visage de Lance avait encore les yeux ouverts.  Le visage de Jack s’étira horrifié.
« -Non ! Non ! Non ! Réveilles-toi ! Ne meurt pas sur moi ! Qui va veiller sur Stella maintenant ! Oh ! Réveilles-toi ! Cria Jack complétement paniqué. 
-Salut Jack, regarde ce que Lance m’a offert : une bague de fianç… »
Stella qui venait d’arriver s’arrêta de parler, tout devenais confus, Jack, Lance, du sang sur les mains de Jack, la pierre ensanglanté, le filet de sang, le visage inerte de son fiancé. Les yeux de la fleuriste dévirent humide.
« -Jack ! Comment as-tu pu me faire ça ?! Les autres avaient raison ! Tu …Tu n’es qu’un monstre !  Balbutia-t-elle avant de s’enfuir…
-Non, Stella ce n’est pas ce que tu crois ! »

Jack tenta de la retenir sans succès.  De nombreuses pensées envahirent son esprit. Qu’allait-t-il faire désormais ? Irait-il en prison ? Que deviendrait Stella ? Allait-il être pendu ? Qu’adviendrait-il sans elle ? Tout était si confus, qui se mit à crier.
"-Jack..Qu’est-ce que…Qu’est-ce qui se passe ? fit la voix de Lance.
Jack se retourna et vit le corps éthéré du chevalier s’élever de son corps. Ce n’était pas la première fois qu’il assistait à ça mais, le fait que Lance vienne tout juste de mourir quasiment dans ses bras lui faisait tout drôle.
-Je…Je suis mort, c’est ça ?  Fit Lance en regardant son corps dans les bras du fossoyeur. C’est donc ça la mort ?
-Lance, écoutes…je suis désolé pour tout ce qui s’est passé…C’était un accident, je ne voulais pas…
-Non, c’est moi qui suit désolé, je n’aurais pas dût agir comme un imbécile, en plus j’ai essayé de te tuer. Je mérite ce qui m’est arrivé…
-Qu’est-ce que je dois faire maintenant …je vais surement finir mes jours en prison. Je ne pense pas que je pourrais continuer à vivre ainsi.
-Jack…c’est vrai alors…tu peux voir les morts ? Ça veut dire que tu as vraiment parlé avec mon père ? Et dire qu’on te prenait pour un fou…Je te dois des excuses…Comment ça se passe ensuite ? Pourquoi je ne monte pas au paradis.
-Je ne suis pas sûr, tu ne dois pas être en paix…mais plus important QU’EST-CE QUE JE FAIS ?!'

Sans vraiment avoir d’autre alternative, Jack fuis le village et partit en direction d’une forêt. La nuit n’allait pas tarder et il ne connaissait pas vraiment la région. Il ne pouvait pas rentrer chez lui et n’avait aucun ami qui pouvait l’héberger.

Il marchait maintenant depuis une heure. Sans but, il avait froid et avait peur.  Alors qu’il avait perdu tout espoir de survie il s’était étendu au sol.  Il ferma les yeux et quand il les ouvrit, il vit le corps fantomatique de Lance au-dessus de lui.
- Oh ! Réveilles toi ! Jack !
-Lance ? Pourquoi est-ce que tu m’as suivi… ? Tu me  détestes…laisses- moi mourir, je n’ai plus de raison de vivre…
-Ecoutes, je me sens responsable de ce qui t’arrive, après toutes ses années où je t’ai traité comme un vaurien, alors que tu entendais et voyais le tourment des défunts, je ne peux pas avoir l’esprit tranquille. Je pense que je partirais seulement quand la situation ira mieux. Alors en attendant suis- moi, j’ai trouvé un endroit couvert ou tu pourras rester. Si tu ne vis pas pour mon salut, pense à Stella, crois-tu qu’elle soit heureuse de te voir mort. Je ne pourrais pas supporter l’idée de la voir triste, alors…Bouges-toi, je suis sûr qu’on trouvera une solution…D’une certaine manière je pense que je suis lié à toi maintenant.

Jack était un peu surpris de voir cet aspect de Lance, dommage qu’ils s’étaient rapproché après sa mort…L’esprit du chevalier le conduisit à l’entrée d’une grotte. Jack s’y abrita en silence et se blotti contre une pierre, il avait moins froid mais, cet abri lui procurait un peu de chaleur.
-Ecoutes, reste ici, je vais faire le guet, demain quand tu auras repris des forces, nous irons en ville essayer de prouver ton innocence…Fit l’esprit.
Jack eut un silence.
-Ecoutes, j’ai un peu déformé la vérité, à propos de ton père. ..
-Comment ?
- Il m’a dit qu’il regrettait seulement de ne pas avoir été plus présent pour toi, j’étais en colère…je suis désolé.
-Il a dit ça…Merci...d’avoir été honnête avec moi…Stella avait raison, tu es trop gentil…allez dors maintenant…c’est moi qui suit désolé d’avoir été un imbécile…répondit-il alors qu’il s’éloignait…

L’automne de Jack touchait à sa fin. La vie telle qu’il la connaissait allait bientôt toucher à sa fin.

Jack se souviendra toujours de cette nuit glaciale qui marquait le début de l’hiver de sa vie. Ill avait perdu le peu de volonté et d’humanité qui lui restait, il n’avait plus d’espoir et attendait que la mort vienne la chercher. Il était coincé dans cette grotte, la peur et la faim au ventre avec l’esprit du fiancé de celle qu’il aime, tu parles d’une compagnie. Pourtant, Jack n’éprouvait plus aucune haine envers lui, et l’esprit ne semblait plus vraiment lui en tenir rigueur. 
-Lance, tu dors ?…dit Jack au milieu de la nuit.
-Non, et toi ? La mort est une chose étrange, je ne ressens plus rien…pourtant je ne peux pas dire si j’ai froid ou chaud, je n’ai pas envie de dormir, je ne sais même pas si je peux…Je me demande où est mon père….
-Il a du trouver le repos…J’ai vu son esprit disparaître…dit Jack d’une petite voix sans vie.
-Je suis soulagé…répondit Lance
-Jack Burton….
-Quoi ? Interrogea Jack.
-Hum…rien, je n’ai rien dit. Commenta l’esprit.
-J’ai entendu une voix. Expliqua le fossoyeur.
-Jack Burton…Viens par ici …
-Tu n’entends rien, on dirait que la voix vient de l’intérieur. Dit Jack.

Il se leva et s’approcha du fond de la grotte, tâta un moment la pierre et tomba sur un mécanisme qui ouvrit une entrée secrète. Une énergie irrésistible l’attirait dans le tunnel étroit, et une lueur indigo semblait éclairer la galerie. C’était très étrange, mais aussi très inquiétant, une force sombre et indubitablement malsaine s’en dégageait.
-Jack, ça ne me dit rien,  reste ici…je ne le sens pas, j’ai un mauvais pressentiment, s’inquiéta l’esprit.
-je…J’y vais…je dois en avoir le cœur net.  Répondit Jack un peu distant.
-Oui..C’est ça approche…je suis là …

Le couloir débouchait sur une espèce de cellule, ou plutôt d’oubliette. La pièce était maculée de sang séché depuis longtemps, les murs portaient des inscriptions étranges  qui luisaient de cette lueur froide indigo. Au mur, était attaché ce qui restait d’un homme, ou d’une femme…c’était difficile à dire…vu qu’il n’y avait qu’un squelette aux os noircis.  Il était crucifié à l’envers et au sol, un pentacle marqué de symboles alchimique était tracé, probablement avec le sang de la victime.
-Quelle horreur ! Partons d’ici, on dirait un rituel de magie noire, quelque chose de satanique a du se produire ici. Se plaint l’esprit du chevalier.
Mais Jack était comme subjugué.
-Qui est là ? Que voulez-vous ?! cria-t-il.
-Mais je suis là devant toi.

Jack leva les yeux et aperçut enfin la créature qui lui parlait. C’était un humanoïde à la peau sombre et rugueuse comme une brulure. Ses yeux jaunes perçaient l’obscurité et son regard tombait maintenant sur Jack, il avait une paire de corne et une paire d’aile semblable à celle des dragons, et une queue qui prolongeait son échine écailleuse. C’était…un démon !
Jack recula avec frayeur.
-Qu’est-ce que vous êtes ?! Fit Jack.
-Jack ? De quoi tu parles, partons d’ici…
-Lance ? Tu ne vois pas la créature là…devant le squelette ?
-Non, il n’y a rien que des os…Allez, ça commence à me faire peur tout ça.
-Il ne peut pas me voir, je suis trop affaibli pour qu’il puisse me voir, mais pour toi qui a l’œil de la mort, c’est différent.
-Que..qu’est-ce que vous voulez ?!
-Tu es sûr que c’est moi qui veux quelque chose ?  Ne veux-tu pas être avec cette femme, Stella ?
-Comment savez-vous pour Stella ? Qui êtes-vous ? interrogea Jack
-Je ne suis personne…il est si facile de lire dans ton esprit, je vois que tu désires plus que tout au monde revenir en arrière, changer le passé qui a tué cet homme. Répondit le démon.
-Mais…je…C’est impossible, bégaya Jack…
-Oh, si c’est possible ! Sache que je peux t’aider à corriger tes fautes, seulement le prix à payer est élevé, es-tu  prêt à en payer le prix ?
-Si c’était possible, je ramènerais Lance à la vie, Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que Stella soit heureuse. 
-Quoi ? Me ramener à la vie ? Comment est-ce possible ? Jack ! Quoi que cette créature te dis Ne l’écoutes pas, c’est de la nécromancie ! Tu risques d’y perdre ton âme ! C’est contre nature c’est…
Jack fit signe à Lance de se taire.
- Que dois-je faire ? répondit Jack déterminé.
-hu hu hu…Je vais te prêter mon pouvoir, suis mes instructions et cet homme reviendra à la vie…Une fois que tu auras récupéré son corps, reviens me voir, je te promets que tes souhaits seront exhaussés…huhuhu…
-Très bien…Si c’est ce qu’il faut faire…

Le fossoyeur sorti des oubliettes aussi vite que possible…C’était une question de temps avant que la garde ne retrouve le corps de Lance.  Il était surement déjà à la morgue. Jack courrait maintenant à travers les bois, il savait tout au fond de lui que les choses n’étaient pas claires. Il savait que la créature était maléfique,  mais peu importe les risques, il était prêt à tout pour réparer son erreur.
-JACK !? T’es cinglé qu’est-ce que tu fais, où tu vas ? Cria Lance qui le poursuivait
-Je vais récupérer ton corps pour te rendre la vie. Ainsi, tout rentrera dans l’ordre.
-Tu es complément cinglé ! Même si la tentation est grande, et même si s’était possible, on ne peut pas aller à l’encontre des plans de dieu sans connaître la damnation ! Je ne t’aime pas beaucoup et je préfèrerai  que tu restes loin de Stella, mais je ne peux même  pas te souhaiter ça, même pas à mon pire ennemi
-Si c’est le prix à payer pour que tout rentre en ordre…maintenant tais-toi, je dois me concentrer.

Les deux hommes arrivèrent à la morgue des Burton sans encombre. 5 ou 6 cadavres étaient disposés sur des tables recouvertes par des draps. Le corps de Lance était étendu là, aussi pâle que la neige.
-C’est vraiment étrange…on dirait que je suis en train de dormir paisiblement…Tu sais il est encore temps de faire marche arrière, rends toi à la garde, je connais bien ton père ou ton frère, je suis sûr que le roi te feras une faveur. ..
-La ferme ! Je n’ai pas le choix ! Tu me remercieras quand tu reviendras à la vie et tu expliqueras à ton roi toi-même ce qu’il en est. Grogna Jack. Le boucan réveilla les habitants de la maison dont les parties de séjour se trouvait au premier étage. Et Thomas Burton fut le premier à descendre.
-Toi ? Ici ? Comment as-tu pu me faire ça ? Après toutes ces années où j’ai sué sang et eau pour te donner une éducation, faire de toi un homme. Il a fallu que tu deviennes un meurtrier ! Non seulement tu n’as aucun respect de la vie mais en plus t’amuse à profaner les morts ! Si je pouvais je te tuerais de mes propres mains, mais je vais laisser la garde  faire le travail ! Pose ce corps et vient avec moi.
-Non.  Répondit Jack, froidement. C’était la première fois qu’il répondait à son père.
-Non ? Tu crois que tu as le choix ? La garde est en chemin, je l’ai appelé avant de venir.
-Personne ne m’empêchera d’accomplir mes objectifs ! Ni la garde, ni toi, ni personne ! Même si ça signifie vous tuer pour partir, je l’ai déjà fait une fois je peux le refaire !
-Petit insolent ! J’aurais dû te tuer pendant que tu étais un nourrisson !

Mr Burton se jeta sur Jack pour l’immobiliser. Il se jeta à son cou comme l’avait fait Lance auparavant.
-Lâches-moi ! Cria Jack.
-Plutôt mourir ! La garde sera bientôt là ! J’attends le moment avec impatience où ils te passeront la corde au cou ! Laissa échapper le vieil homme, d’un rictus. 


L’esprit de Lance était témoin de l’étrange scène, jamais il n’aurait imaginé Mr Burton de la sorte, c’était pour lui un homme raisonnable et honorable. Pourtant la haine qu’il ressentait envers son fils n’était pas naturelle, qu’avait bien pu faire Jack pour être haï comme ça. Malgré ses bizarreries et son air lugubre, Lance avait compris qu’il était inoffensif.
-Jack arrêtes de résister ! Il va te tuer si ça continue !
-La…Ferme ! J’en ai marre, j’ai le droit de vivre moi aussi ! Eclata Jack en renversant son père.
 Je commence à en avoir marre d’être constamment écrasé par des ignorants dans votre genre !

S’écria-t-il en frappant son père au visage.
 -Vous ne savez rien de moi ! Le frappa-t-il encore.
-Vous ne savez rien de ce que je vois, de la souffrance ! Continua-t-il.
Est-ce que vous ressentez ma souffrance ? Toutes ses années de sévices ?

Mr Burton avait le visage en sang. Mais Jack ne pouvait s’arrêter dans sa frénésie. Il avait tellement de colère à évacuer.
-Tout ce que je voulais c’était que vous me regardiez comme votre fils !

Conclut-t-il en enchainant d’une série de coups de poings tous aussi violents les uns que les autres. Il s’arrêta et regarda ses mains couvertes de sang. Son père ne respirait plus. Il l’avait tué de ses propres mains. Il poussa un cri de douleur.
-Jack…qu’as-tu fais ! Ne vois-tu pas que tu t’éloignes de Stella en agissant ainsi ! Tu penses qu’elle souhaiterait te voir dans cet état ! Regardes toi ! Tu agis exactement comme le monstre que tout le monde décrit …arrête, tu peux encore revenir en arrière…je comprends ta colère mais…
-Tu te fous de moi ? Il n’y a plus de retour possible ! C’est fini, je ne peux plus reculer ! Qu’est-ce qu’est-ce que tu peux savoir de ma colère ?! Ton père t’aimait ! Est-ce que tu sais ce que ça fait d’avoir un père qui te déteste, qui cherche ton malheur ? Qui veut te voir mourir !? Tais-toi …on ne peut plus rien pour moi…mais je dois continuer…
Jack pleurait, mais ce n’était pas du chagrin, il pleurait de haine. Il mit le corps de Lance dans un body bag et  le porta sur ses épaules en sortant de la morgue. Il ramassa la pelle qui était accrochée contre la porte de la salle, Jack ne savait pas magner d’épée ou d’arme, mais il avait besoin de se défendre au cas où…
-Jack…Commença Lance.
-La ferme ! répondit-il.

Il avança de quelques mètres, avec peine…et rencontra un nouvel obstacle : William. Le grand frère contrairement au père ne le croyait pas capable d’un tel crime. Il se précipita sur lui, l’air soulagé.  Il vérifia frénétiquement que Jack n’avait rien de cassé.
-Jack…dieu soit loué, tu es sauf ! Je commençais à m’inquiéter …peut-importe ce que disent les autres, je sais que tu n’es pas capable de faire le moindre mal à qui que ce soit ! Je vais m’arranger avec le roi…je suis sûr qu’il trouvera une solution !

William remarqua le cadavre de Lance.
-Jack…qu’est-ce que tu fais avec ce corps ? Et…où…où est père ?

Le frère cadet ne répondit pas. William remarqua les traces de sang un peu partout sur le corps de Jack. Et tomba sur les fesses dès qu’il se rendit compte de ce qu’il s’était passé. Il regarda Jack droit dans les yeux l’air compétemment dévasté. Jack pleurait à chaudes larmes, de vraies larmes. La seule personne qu’il aimait dans sa famille se trouvait là, sous ses yeux. Malheureusement il savait aussi que tout retour était impossible. Il s’arma de la pelle.
-Jack, ne fait pas ça ! Cria l’esprit du chevalier.
-Je suis désolé, grand frère…sanglota Jack.
-Jack…a...arrêtes…tout va s’arranger…ce n’est pas grave…tout va…balbutia William encore sous le choc.

Le cadet frappa son aîné d’un premier coup de pelle qui lui brisa son nez.
-Je suis désolé !

Il le frappa d’un second coup de pelle en sanglotant à de plus belle.  L’outil se maculant d’avantage du sang des Burton.
-Je suis désolé !

Acheva –t-il dans un ultime coup de pelle, avant de s’effondrer lui-même.  Il saisit le corps vidé de vie de William et le serra contre lui.
-Je suis désolé grand frère, tu es le seul  que j’aimais, je suis désolé ! Je n’ai pas le choix ! Je ne peux plus faire machine arrière, je suis désolé…

Lance regardait cette scène insoutenable en silence…avant de déclarer avec une voix calme :
-Jack, je ne sais pas ce que tu as vécu dans cette maison, mais tu as raison. Tu es déjà  maudit…Je ne peux plus rien faire pour toi, plus personne…même pas Stella…Elle ne mérite pas ça…Sache que si jamais je reviens à la vie. Je ferais tout pour t’arrêter.

Jack ne répondit rien.  Et se contenta de charger le corps de Lance sur un cheval. Il ne pouvait plus faire machine arrière et décida d’effacer ce qui le rattachait encore à cet endroit.  Il alluma un brasier d’herbe sèche qui ne tarda pas à prendre la maison dans les flammes. Il se retourna une dernière fois et vis Viola, sa mère penchée à la fenêtre. Il ne ressentait rien pour cette femme, il la vis disparaître comme le reste, au moins, ses souffrances seraient abrégées.
Il chevaucha le canasson. Toujours accompagné du cadavre de Lance, et se dirigea vers la caverne mystérieuse…Le spectre le suivait toujours en silence. Que pouvait-il faire. Il était au de-là  de la rédemption, quelque part son âme était déjà maudite.  Néanmoins, Jack brisa le silence. 
-Je sais ce à quoi tu penses. Quand je t’aurais ressuscité, je disparaîtrais de la vie de Stella…Je sais qu’elle sera heureuse avec toi. Même si ça me répugne…C’est tout ce qui compte…
-Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça…tu te berces d’illusions, je te pourchasserais au bout du monde s’il le faut. Répondit Lance avec conviction.
-Si c’est que tu souhaites je t’attendrais…mais promet moi une chose. Quoi que tu fasses protège là…
-Oui, je la protégerais des monstres comme toi…

Jack et Lance arrivèrent tous les deux dans la salle du rituel satanique. La créature se matérialisa à nouveau et laissa échapper un rictus.
-huhuhuhu…tu as l’air différent !  oui….oui…ce parfum enivrant …C’est l’odeur du meurtre ! Dispose le corps ici.  Recopie les glyphes sur le torse et récite cette formule.

Jack savait pertinemment qu’il y perdrait son âme, mais il était trop tard.  Il s’exécuta et disposa le corps comme prévu. Il s’entailla les veines, et écrit les glyphes sur le corps froid de  Lance.
-Allez répète après moi :
«Citoyen des ténèbres, entends mon appel, Lève le voile funèbre, du châtiment éternel, prends pour offrande ce corps, rappelle l’âme égarée, puisse son cœur battre, encore, sa chair réincarnée… »

Tandis qu’il répétait l’incantation, Jack sentait petit à petit la présence s’immiscer en lui.  La forme démoniaque qui lui était apparu se désagrégea sous la forme d’une fumée et intégra le corps de Jack. Alors qu’il s’écroula de douleur, Lance lui se senti aspiré dans son corps, le choc fut violent et il se mit à convulser. 

Quand Jack rouvrit les yeux, Lance venait de se réveiller lui aussi. Il ne ressentait plus la présence, du démon, mais entendait encore son rire quelque part dans sa tête.
-Huhuhu, quel corps fébrile, tu as…mais c’est déjà mieux que ce cadavre !
-Huh… ?Créature ? Où…
-Là je suis là dans ta tête, c’est si bon de se sentir vivant ! Allez, Allons massacrer des innocents…
-Sors de là !
-Imbécile ! Tu me rejettes alors que tu as accepté notre contrat, regardes, le chevalier, il est de retour dans son corps…

Lance, était effectivement debout, il regardait ses membres et tâtait de son corps pour s’assurer que tout était en place…Soudain il se tourna contre Jack et l’attrapa par le col, avant de le plaquer contre le mur.
-Enfoiré, qu’est-ce que tu m’as fait ? Mon corps…je ne sens plus rien ! Je suis là mais je ne sens rien !
-Lâches-moi !
-Non ! Si tu crois que je vais te laisser continuer tu te trom…hey ?!

Sans s’en rendre compte il l’avait lâché l’apprenti nécromancien.
-Mon corps ne m’obéis plus ? Paniqua le chevalier.
-kukukuku…ricana le démon dans la tête de Jack, Il est vivant mais il ne peut désobéir à tes ordres. Que vas-tu faire Jack Burton ?
-Je …ça a marché ?! Je n’y crois pas...Lance, habilles toi ! Nous allons voir Stella. Je suis sûr qu’elle sera ravie de te voir….huhuhu…

Jack…ricanait ?! Pour une raison qui lui échappait, il tirait un certain plaisir à cette situation. Là où il devait ressentir, de la peur, du dégoût ou de la colère, il ne ressentait rien. C’était comme si une partie de lui était morte lors du rituel. Lance, qui était à nu jusqu’à présent s’habilla de la tenue que Jack avait ramené de la morgue.
Après quelques temps de trajet silencieux, Jack et Lance arrivèrent enfin en ville. Ils furent accueillis par la garde du village.


-Halte ! Fit le capitaine des gardes. Jack Burton, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre, de Sir Lance Dulac, Thomas, William et Viola Burton.
-Mais capitaine…Qu’est-ce que vous racontez…Vous ne voyez pas que Sir Dulac est là ? Fit-il avec un autre sourire au coin
-S…Sir ? Comment est-ce possible ? C’est…de la sorcellerie ? Est-ce bien vous ?
-Ne l’écoutez pas, il est complétement fou ! Arrêtez-le ! Il a utilisé la magie noire pour me ramener à la vie.  Cria Lance.
-Oh non…comme c’est dommage…vu que vous êtes au courant, je n’ai pas le choix de tous vous tuer…Lance, veux tu t’occuper de ces soldats, tiens, mais ce sont nos amis ? Ca me rappelle le bon vieux temps où vous n’arrêtiez  pas de m’importuner, avec votre chef adoré,  que voici.  Vous voyez je ne suis pas si méchant ! Je vous ai tous réunis pour un dernier jeu macabre. Fit Jack avec un ton inhabituel.

Lance s’approcha de l’un d’entre eux.
-Kendrich, je ne contrôle pas mon corps ! Fait quelque chose, supplia Lance.
-Allez, tues les tous…qu’on puisse voir cette chère Stella…Dit Jack (-Hein ? Qu’est-ce que je raconte ?)

Kendrich attaqua donc Lance d’un coup d’estoc. Ce dernier bougea tout seul et fit une esquive en pivotant sur un pied. Laissant Kendrich passer devant lui. Le paladin lui saisit son bras directeur, et le lui cassa d’un coup sec. Lance enchaina en lui brisant la nuque. Laissant le corps de Kendrich sans vie. Lance ramassa ensuite l’arme de son défunt ami.
-Je t’en supplie, Jack, arrêtes, ne me force pas à les tuer. Implora Lance.
-Bon d’accord….Non je rigole ! Et si tu les pulvérisais tous avec ta GrandCross ? J’ai toujours voulu voir ça (-Mais non ! Pourquoi je dis ça ?!)

Lance s’exécuta et planta son épée dans le sol. Une grande croix de lumière Indigo se dessina sur le sol et un panache d’énergie des ténèbres s’en échappa. Cette attaque magique avait suffi à tuer tous les soldats. Laissant le chevalier désemparé au milieu de ses amis.
-Tu n’es qu’un monstre, dit-il.

Il avait envie de pleurer mais ce corps ne ressentait rien.
-Merci du compliment, c’est vous qui m’avez fait comme je suis, tu peux remercier nos amis pour ça ^^ (Je ne contrôle plus rien ?). Aller sèche tes larmes mon grand...tu vas revoir ta fiancé.

Lance et Jack arrivèrent au domicile de Stella. C’était une maison de 3 étages assez grande et luxueuse, bien sûr payée par les taxes des impôts locaux au nom du seigneur local…Sir Dulac. Jack ordonna à son esclave d’entrer et de rencontrer sa fiancée, il lui interdit  également de lui parler de lui et du rituel. Et tout ce qui s’était passé.

Stella était adossée à la fenêtre et regardait le feu qui provenait de chez le Burton, l’air inquiète.
-Stella…je suis rentré. Dis machinalement Lance, qui criait de l’intérieur.
-La..Lance…comment est-ce possible ? Je t’ai vu mort ! Et Jack j’ai cru qu’il t’avait tué…bégaya-t-elle effrayée, et déboussolée
-Jack ? Il a parcouru les villes aux alentours pour me soigner…je lui dois la vie. Il a dit qu’il avait fait ce qu’il fallait  pour que nous soyons heureux…
-Jack, il…il fait ça ? Je…Je savais qu’il ne pouvait pas avoir fait tout ce dont on l’accuse…je vais lui présenter mes excuses…Oh…Lance…ne me quitte plus.

Stella s’était jetée aux bras de son fiancé, soulagée, avant de se rendre compte de la froideur et de la rigidité de son corps.
-Lance…tu …tu es bizarre …dit-elle.

A ce moment-là, le bras du mort vivant tomba. Stella poussa un cri et le lâcha aussitôt, elle recula près de la fenêtre, tremblant comme une feuille.
-Lance…ton…ton bras…
-Ah la la la la…on dirait que tu n’aimes pas mon petit cadeau…fit Jack en sortant de la pénombre.
-Qu’est-ce que tu lui as fait ?!
-Oh du calme mon cœur, je peux te le réparer…les femmes, jamais contentes (Quoi, non ! Démon ! Arrêtes ça tout de suite !!)
-Jack ?! C’est toi qui es derrière tout ça ?! Mais qu’est-ce qui ce passe ? Les gardes m’ont dit que tes parents étaient morts, je me suis inquiétée.
-Ah ! Petite menteuse…Je ne vois pas ce que vous lui trouvez tous à cette fille…Stella, Stella, Stella …bouh…ouin…Oui ma belle c’est moi qui les ait tous tués ! Le bô Lance, Le vieux Burton et même le fiston…C’était hilarant…Et tu sais quoi ma jolie, rien que pour tes beaux yeux… (Ce…démon, il contrôle mon corps, je ne peux pas le laisser continuer !)
-Jack ?! Arrêtes tu me fais peur…pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce qui s’est passé ?!
-Ah ! Ça ne m’amuses plus, je vais te tuer, je me demande quel goût aura ton âme. Celle de Lance était délicieuse, Celle de Jack exquise, je suis sûr que la tienne sera sucrée, huhuhuhuhu (NON ARRÊTES !)

Stella comprit rapidement que la personne qu’elle avait en face d’elle n’était pas son meilleur ami.  Elle recula jusqu’à la fenêtre et se protégea avec une chaise…
- Va-t’en espèce de monstre ! Gardes au secours ! Cria-t-elle.

Jack s’avança vers elle et l’attrapa au cou. Il la souleva au-dessus du sol avec sa main et une enveloppe noire et pointue entoura la main du nécromancien.
-Les gardes sont morts, casse-croute, ils n’étaient pas très bons. Dis-moi plutôt comment je dois te manger. 

Le nécromancien se figea un instant, il n’arrivait plus à bouger son bras armé.
-Hey ?  Qu’est-ce qui se passe ? C’est toi gamin ? (oui, je ne te laisserais pas la tuer) Laisse-moi faire tu te sentiras beaucoup mieux après (JAMAIS !!) mais c’est qu’il résiste, laisses-moi, m’amuser un peu, elle ne t’aimera jamais de toutes les manières…

Le bras qui s’était figé repris une forme normale et attrapa la main qui tenait Stella. Essayant de retenir son geste.
-Sale gosse, soumet toi….JAMAIS…Tu n’es pas de taille face à moi….Je ne te laisserais pas lui faire de mal…gnn…On parie ? …Lance, je t’en prie arrêtes moi, sauve Stella.
-Jack ? Non, tu es cette créature ! C’est toi qui nous contrôle depuis tout à l’heure ! J’arrive…continue de lutter Jack. Répondit Lance qui pouvait enfin bouger.

Le chevalier zombie attrapa le corps de Jack et réussi à le pousser au sol. Stella tomba sur le rebord de la fenêtre et fut rattrapé in extrémis  par l’unique Bras du zombie.
-Tiens bon, Stella, tu dois vivre ! Oublie-moi, je ne suis plus, je ne suis qu’une abomination  cria Lance.

Stella était suspendue au- dessus du vide.
-Je...ne peux pas…Je vais lâcher…Je t’aime Lance…je ne t’oublierais jamais...pleura-t-elle.
-Jamais je ne te lâcherais, Stella tu m’entends, Jamais ! lança Lance dans dernier effort.

Jack arriva au niveau de Lance et regarda la scène avec amusement
- Je vois que vous vous amusez bien tous les trois…Allez je suis de bonne humeur, je vais vous laisser faire pour voir…on dirait que ton bras est en train de se déchirer…mon garçon (Non pitié ! Ne la laisse pas mourir ! Je ferais tout ce que tu voudras…)…Hmm…non c’est plus rigolo comme ça.

Le bras de Lance céda sous le poids de Stella, l’entrainant vers sa chute, mortelle. Jack avait vu tout son univers s’écrouler. Le choc fut trop important. Une aura des ténèbres explosa alors du corps de Jack .
-NOOOOOON ! Pourquoi !?

Suite à cette explosion de mana, Jack avait semble-t-il reprit contrôle de son corps. Il se précipita hors de la maison, pour se rendre au chevet de Stella. Le corps de cette dernière, était en mauvais état. Il était désespéré. Et sortit le pendentif qu’il avait sculpté pour elle. Il le gardait toujours près d’elle. De grosses larmes coulèrent de son visage, déterminé. Sa vue se troublait et sa conscience se délitait petit à petit. Il essaya une dernière chose avant de perdre connaissance. Avec un peu de chance l’âme de Stella n’avait pas encore atteint les cieux. Il serra le pendentif dans le creux de sa main ensanglantée et récita l’incantation suivante :


Il se passa quelque chose d’étrange, l’âme de Stella s’attacha au pendentif.
-(Non !! Imbécile qu’as-tu fais, je ne peux plus posséder ton corps ! Qu’est-ce que tu as fait) Sale démon tu ne feras plus de mal à personne !

Il sortit une lame et se visa la gorge.
-(Arrêtes ! D’accord tu as gagné ! Si tu nous tue ici tu n’auras aucune chance de revoir tes amis et ta famille !) Que veux-tu dire ? (Je veux  dire que mon sort a fonctionné à moitié car ton corps est trop faible pour supporter un sort aussi puissant, si tu deviens assez puissant tu pourras sauver tout le monde, c’est promis) Non ! Je ne t’écouterais plus je ne te fais pas confiance. (Attends ! Qu’est-ce que tu as à perdre ? Passons un nouveau marché, devient assez puissant et tu pourras réparer tout ça ! Libre à toi de te tuer si je ne tiens pas parole.)

Jack s’effondra sur le sol.
-D’accord…j’accepte…mais si je vois que ça ne mène à rien, je mets fin à notre existence… (Marché conclut Jack Burton, un démon n’as qu’une parole, huhuhuhu….)

Quelques temps passèrent après cet incident, Jack avait pris la décision de partir en voyage quelques temps. En effet, il était recherché dans le pays pour le meurtre d’un noble et de sa famille. De plus les rares survivants du carnage qui fut perpétré par le chevalier zombie identifièrent la magie employée par Jack comme de la Nécromancie.  Dans ce pays où l’inquisition menait des croisades pour purifier la population. Ce mot était tabou, parfois, des gens étaient brulés vifs rien que parce qu’ils en parlaient. 

Jack avait passé 8 ans de sa vie à étudier des volumes de magie obscure. Bien sûr au péril de sa vie, avec l’espoir qu’il reverrait tout le monde au bout de son voyage.  Il voyageait avec la première incarnation qu’il avait réussi à créer. Le chevalier Lance Dulac, désormais tristement appelé, Le chevalier noir.  Les rapports qu’il avait lui ne cessèrent de se dégrader. Lance développa une haine sévère envers lui. Il avait sur le fil de sa lame, le sang d’innocents arraché pour la cause de son noir dessein. Il gardait aussi près de lui le pendentif de Stella, qui lui permettait de matérialiser son esprit quand il le désirait. Ainsi, il s’assurait que l’âme de sa bien-bien en place.  

Telle était la vie de Jack et les avis de recherches le dénommaient sous le sinistre nom du Fossoyeur.  Allait-il accomplir son projet macabre ? La sombre aventure ne faisait que commencer.