Ce semblant de paix dura jusqu’à ses 14 ans où de nouvelles mésaventures l’attendaient.
Si vous croyiez qu’elle avait déjà touché le fond et qu’il ne pouvait rien lui arriver de pire, détrompez-vous, car c’est à partir de ce moment que sa vie devint un véritable enfer.
La vie continuait comme toujours au manoir, les nobles méprisaient et toléraient à la fois la famille du grenier et ces derniers vivaient dans la peur de se retrouver à la rue.
Les parents se battaient toujours et personne ne sauvait Elsa des caprices de ses frères. La vie familiale était tellement insupportable que la fille percevait ses heures de travail comme des heures de repos. Le fils des nobles était bien élevé et ne la faisait pas souffrir sans raison, il ne faisait pas de demandes absurdes non plus bien qu’il ne soit pas d’une intégrité morale sans reproches. Du moins il avait l’air correcte jusqu’au beau jour où il se révéla être aussi pourri que son père!
En effet, l’adolescence était passée par là et avait fait naître dans le garçon de nouveaux désirs!
Comme Elsa grandissait aussi, qu’ils avaient environ le même âge et qu’ils passaient la majeur partie de la journée ensemble, c’était à prévoir que quelque chose pouvait éventuellement se passer entre eux. Personne cependant ne s’attendait à çà!
Un jour, alors que la fille aidait le jeune maître avec son bain, comme à leur habitude, celui-ci s’enflamma, l’attrapa et la jeta de force dans la baignoire.
Guidé par l’ardeur de son entrejambe et probablement instruit et encouragé dans cette entreprise par son père, il abusa à son tour de la fille, ignorant des sentiments qu’elle avait développé pour lui avec le passage des années.
Cependant, pour tout l’amour qu’elle commençait à avoir pour lui, elle restait traumatisée des "cours" qu’elle avait eut avec le père et n’était absolument pas prête de retenter la chose!
Terrorisée et trahie, elle se débattit du mieux qu’elle pouvait, ce qui n’eut pour seul résultat de foutre de l’eau partout autour de la baignoire et de resserrer l’emprise du garçon sur elle. Elle était bien trop impuissante face à lui, elle était déjà assez faible physiquement d’elle-même sans avoir à se confronter à un garçon destiné à devenir chevalier et qui avalait trois bon repas par jour.
Elle n’avait tout simplement aucune chance et aucun choix. Pendant l’acte sa bouche était grande ouverte et ses larmes coulaient à flots. Si elle avait une voix, elle aurait crié de toutes ses forces, elle aurait put appeler à l’aide!
Le garçon quand à lui était rassuré du mutisme de sa victime, il n’avait rien à craindre. De toutes façons son père allait le protéger et au final, que pourrait faire une paysanne face à un noble, quand bien même il l’aurait violée? Rien.
Il déchira l’uniforme de la servante et profita de son corps à volonté, accomplissant tous ses désirs pervers, parfaitement indifférent de l’état de la fille.
Le cœur et l’esprit d’Elsa furent brisés à nouveau ce jour là. Autant lors des sessions avec le père elle était encore ignorante sur ce genre de choses et ne comprenait pas bien ce qu’il se passait, autant avec le fils elle ne savait que trop bien ce qui se passait et ce que ça signifiait et elle en souffrait d’avantage.
Outrée, indignée, apeurée, elle s’échappa en courant de la sale de bain dès que le garçon avait finit de s’amuser.
Paniquée, elle courra se réfugier dans le grenier, sa maison.
Elle espérait y trouver quelqu’un, n’importe qui. Quelqu’un qui l’écouterait et qui la protégerait, quelqu’un pour rétablir son honneur et la consolée.
Encore trempée, elle traversa le manoir à toute vitesse, à moitié nue et avec son uniforme déchiré, elle finit par arriver au grenier où elle rentra hâtivement, claquant violemment la porte derrière elle.
Elle avait froid, elle avait mal, ses larmes ne s’étaient toujours pas arrêtées, tel est le prix d’un amour trahi.
Par chance sa mère était dans la pièce. Instinctivement elle se dirigea vers elle, elle voulait l’enlacer, se réfugier dans ses bras.
A la place d’un câlin et d’une consolation, elle reçut une claque qui fit voler ses larmes à travers la pièce.
Elle se fit engueuler et battre pour son piteux état et la destruction de son uniforme.
La mère ne voulait rien savoir. Malgré tous les efforts d’Elsa de s’expliquer, la mère continua à la battre sans y prêter attention. Quand elle eut finit de passer ses nerfs sur elle. Elle saisit un uniforme de rechange et le bras de sa fille et la traîna jusqu’à la porte avant de la jeter dehors et de renfermer la porte derrière elle.
Elsa, seule en haut de l’escalier qui menait au grenier, essaya de rouvrir la porte mais sa génitrice la bloquait de l’autre côté, cruelle, intolérante.
Elsa se lamenta de son sort, elle continua à pleurer et à essayer d’ouvrir la porte, elle finit par la gratter de ses ongles même. Mais s’était sans espoir. Après quelques heures de pleurs et de tourmente, Elsa finit par se changer et retourner au travail, les mains ensanglantées.
Elle s’est souvent demandée pourquoi ces choses lui arrivaient, pourquoi elle?
Les mêmes questions que s’étaient posés ses parents quand elle vit le jour.
Elle n’avait rien demandé à personne, elle ne voulait de mal à personne et pourtant…
Il lui arrivait tant de malheurs. Pour toute sa gentillesse et sa bonté d’âme, elle ne pouvait empêcher une flamme noir de naître dans son torse. Comment ne pas haïr une vie pareille?
Cela lui a prit longtemps mais elle finit par se résignée à ce nouveau sort, raisonnant une fois de plus que ça aurait put être pire, elle pourrait être morte!
Au fond d’elle, elle avait osé espérer que cet incident avec le garçon allait être unique, une erreur grossière qui n’allait pas être répétée. Pensée bien naïve que celle là… Non seulement la chose se répéta mais les viols devinrent quotidiens et de plus en plus pires. Elle en arriva à essayer de se cacher de son maître, d’entreprendre des taches et des travaux aussi loin de lui que possible.
Mais au final elle ne pouvait ni se cacher ni se défendre. Pourtant elle refusait de se laisser faire, elle se débâtait à chaque fois. A son plus grand malheur, la maigre résistance qu’elle pouvait lui offrir ne faisait qu’exciter le garçon d’avantage.
Lui aussi se mit à la battre pour son plaisir, pendant l’acte et après coup aussi. Comme ci cela ne suffisait pas, la scène se répétait méthodiquement quand elle rentrait chez elle. Elle se faisait battre de nouveau, encore et encore. Tellement de fois qu’elle en oublia la raison.
Elle finit même par croire qu’elle le méritait, qu’elle avait fait quelque chose de mal.
Et çà s’était encore avant la plus grande trahison qu’elle a subit dans sa vie!
Un après-midi, alors que le noble et son fils avaient coincé Elsa dans un des bureaux pour une séance à deux, ils avaient par mégarde laissé la porte de la pièce entre-ouverte.
Alors qu’Elsa était secouée par les vas et viens, elle put distinguer quelqu’un par la faille de la porte.
Il y avait quelqu’un de l’autre coté.
C’était sa mère, qui à genoux était en train de laver avec un torchon le carrelage du couloir devant le bureau où les atrocités avaient lieu.
Elsa la fixa du regard du mieux qu’elle pouvait, si seulement elle pouvait crier…
Une idée lui vint à l’esprit. Elle ne pouvait pas bouger beaucoup mais elle avait quelques objets à sa portée, quelques ouvrages qui étaient restés sur le bureau. Elle fit un effort surhumain et les poussa avec sa jambe sur le sol.
Leur chute causa le bruit qu’elle espérait tant entendre et attira l’attention de la mère.
Cette dernière arrêta momentanément de frotter le sol et regarda la scène depuis l’extérieur.
Les yeux de mère et fille se croisèrent et elles se fixèrent pendant plusieurs secondes. Puis la mère détourna son regard et continua à frotter le sol. Comme si de rien n’était, comme si elle avait rien vu!
Et c’est là qu’Elsa réalisa…
Elle savait! Tout ce temps elle savait! Elle savait et elle ne faisait rien! Elle savait et elle ne disait rien!
Une fois de plus son cœur se brisa. Elle se sentit trahie, tellement trahie.
Puis vint la haine une fois de plus.
Chaque coup, chaque secousse, tout contribuait à sa haine. Cette femme…
Elle tuerait volontairement cette femme! Elle comprit une bonne fois pour toutes ce jour là qu’elle ne pouvait plus rien espérer de sa mère. Leur relation qui n’avait jamais été bonne se détériora encore d’avantage. Avant il n’y avait que la mère qui détestait sa fille, maintenant c’était réciproque et le peu d’interactions qu’elles eurent à partir de ce moment se résumèrent à des séances de passage de nerfs sur la pauvre fille. Evidemment les frères ne s’en mêlaient pas, ils se marraient.
Son âme mourrait à petit feu mais elle était prête à persévérer. Après tout ce n’était pas cher payer pour sa vie non? Que pouvait-il bien lui arriver de pire?
La réponse ne se fit pas attendre longtemps.
Quelques mois après l’incident de la salle de bain, le père d’Elsa finit finalement par avoir vent des horreurs que subissait sa fille.
Un jour où il est rentré tôt des champs, il entendit dans les couloirs les servantes en parler. Il apprit que le garçon et le noble avaient abusé de la jeune fille. Naturellement il a été fou de rage. Il se précipita immédiatement au grenier où il attendit la venue de la nuit en compagnie de quelques bouteilles. Quand la journée des servantes fut finit et que la mère et la fille rentrèrent au grenier, l’enfer se déchaîna sur elles.
Dans un premier temps, le père ivre mort, battu sa femme presque jusqu’à la mort, l’accusant de lui avoir caché toutes ces histoires.
Ensuite, en tant que champion de la bassesse humaine, il raisonna que ce n’était pas juste que le noble et son fils puissent user de sa fille comme çà et surtout avant lui! Il considéra que c’était son droit en tant que père de faire ce qu’il voulait de sa fille. Et vous imaginez la suite…
Sous les yeux des frères et de la mère qui gisait sur le sol un peu plus loin en train de se noyer dans son sang, le père saisit Elsa et la viola à son tour.
Comment décrire ce qu’elle ressentit pendant l’heure qui suivit? Se faire violer par son propre père? Indescriptible.
Comme si l’état des choses n’était pas assez horrible comme çà, le plus grand des frères voulu prendre part dans la chose. Il s’approcha vicieusement mais s’est prit une baffe monumentale de la part du père qui voulait tout garder pour lui. Avertis par cet échange et habitués de se faire taper par leur père, aucun des autres frères ne tenta quoi que ce soit.
Après cet événement Elsa tomba dans une dépression profonde.
Pour la première fois elle se laissa faire et ses agresseurs profitèrent d’elle allègrement. Plus rien n’avait d’importance à ses yeux. La vie ne valait plus la peine d’être vécue. Elle traversait ses journées tel un automate, ses jours étaient aussi sombres les uns que les autres. Elle comptait vivre sa vie et en finir. Elle pensa plusieurs fois à s’évader mais la fuite n’était pas plus une option qu’auparavant.
Combien de jours mettraient-ils à la retrouver? Un? Deux?
Combien de temps survivrait-elle hors de la ville, seule? Une semaine au mieux!
Non, son chemin était tracé. Elle allait rester ici et continuer à subir tout ce qu’elle subissait.
Elle resterait là puis un jour elle mourrait.
Sa condition était devenue plus facile à accepter maintenant qu’elle était morte à l’intérieur.
Était-ce là les mêmes émotions que le père avait ressenties quand il avait été viré de l’école de chevalerie?
Que celles de la mère quand elle réalisa que son mari ne serait jamais le noble guerrier duquel elle était tombée amoureuse?
Peu importe…
La situation changea à nouveau quand le manoir se rendit compte qu’Elsa était enceinte.
Pour la première fois les nobles et les paysans agirent en unisson.
Dire que le doute planait sur l’identité du père était un euphémisme à ce stade et aucun des deux partis ne voulait d’enfant supplémentaire.
Les pauvres en avaient déjà beaucoup trop et les riches n’avaient que faire d’un bâtard qui nuirait gravement à leur réputation. Quand le ventre d’Elsa grossit suffisamment, elle fut battue à nouveau et obligée de livrer fausse couche. Quand ils eurent finit avec elle, ce n’était pas un bébé qu’elle avait dans les bras mais de la bouillie!
Bizarrement, l’événement terminé, aucun des impliqués ne changea d’attitude et les harcèlements sexuels continuèrent de plus belle.
Seule Elsa avait tiré une bonne résolution de cette affaire.
Lors de toute cette histoire elle n’avait eut aucun choix, aucune parole, elle s’était contenter de subir, comme toujours.
Mais elle en avait marre.
Tenir comme çà dans ses mains, les restes de SON enfant!
Son esprit revint du pays des morts et elle commença à comploter.
Elle allait se venger, se libérer!
Au diable le joli manoir, au diable les liens familiaux!
Petit à petit elle s’arrangea pour travailler de plus en plus dans la bibliothèque du manoir.
Quand elle était sure que personne ne risquait de la voir ou de l’interrompre, elle lisait les ouvrages de grands botanistes, à la recherche de la clé qui lui rendrait sa liberté.
Un an plus tard, elle était enfin prête à mettre son plan en action, à s’émanciper.
A 15 ans donc, elle avait finalement apprit tout ce dont elle avait besoin, sur les poisons comme sur le monde au dehors des Contre-Forts de Crystal.
Elle allait s’échapper et se rendre en Anauroch, un endroit où, elle avait lu dans un livre, tout le monde pouvait trouver du travail et faire sa vie. Cette contrée était loin du manoir, loin de toute cette folie! Si elle arrivait à se débarrasser de ses maîtres, personne ne la chasserait aussi loin, elle serait libre! Elle hésita longtemps sur cette décision, mais il lui était devenu clair désormais que, ces hommes vivants, jamais elle ne connaîtrait la paix! C’était donc eux ou elle!
Un grand avantage du poison est qu’il est subtil, il n’a pas besoin de force, ni de courage, une arme parfaite pour la pauvre petite Elsa. Personne au manoir ne se doutait de rien en la voyant trimbaler telle ou telle plante. Elle n’eut qu’à attendre le bon moment.
Et le moment arriva!
Une occasion parfaite! Un coup de chance après tant d’années de malheur!
Cet après midi là, elle était chargée de la nourriture. Il n’y avait qu’elle et sa mère dans la cuisine pour préparer le repas des nobles qui allaient dîner bientôt. Elsa tendit la main au dessus de la marmite et de son contenu qui bouillait sur le feu. Elle ferma les yeux et lâcha ce qu’elle avait dans la main. Pendant que les pétales toxiques de la fleur qu’elle avait choisie tombaient dans le récipient, elle prit une grande aspiration.
Elle se sentait légère, rafraîchie, comme si une bourrasque de vent traversait la cuisine pour elle seulement et qu’elle la poussait vers l’avant, vers la liberté!
Il n’y avait pas de retour en arrière maintenant!
Avant de quitter la cuisine avec la nourriture, elle dissimula un couteau dans son uniforme pour bonne mesure. Il n’y avait pas moyen de savoir comment les choses allaient se déroulées à partir de maintenant!
Quand la famille des nobles se réunit dans la grande salle à manger, c’est le plus naturellement du monde qu’Elsa et sa mère servirent la nourriture empoisonnée.
Elsa resta dans la pièce juste assez longtemps pour vérifier que chaque noble avait avalé au moins une bouchée.
Une fois ce détail réglé, elle quitta la salle discrètement et se rendit au grenier pour récupérer le balluchon qu’elle avait dissimulé dans un coin bordélique du domicile familial.
En ouvrant la porte elle remarqua à sa grande surprise que son père était dans la chambre.
Il était assis sur un des matelas, en train de picoler comme d’habitude.
Elsa tenta de traverser la pièce sans lui prêter attention, elle avait juste à récupérer ses affaires et à se casser.
Mais pour ce faire elle devait passer au dessus du matelas sur lequel il était pour atteindre la cachette avec ses provisions.
Mais cela aurait été trop beau et trop facile.
Dans un geste prédéterminé par le destin, son père l’attrapa au moment où elle passait à coté de lui et la tira sur lui.
Elsa perdit l’équilibre et tomba sur l’homme qui s’était au passage allongé confortablement, prêt à passer aux choses sérieuses.
Elsa qui s’était affalée complètement sur l’homme se redressa lentement.
Le père avait les yeux écarquillés et une expression de douleur fixée sur le visage.
Elsa regarda ce visage quelques secondes.
Des gouttes, non, des larmes tombèrent sur le visage du père.
Il ne comprenait pas ce qui lui était arrivé, Elsa elle ne comprenait pas pourquoi ils en étés arrivés là.
Elle serra sa main autour du couteau et l’enfonça d’avantage dans le cœur du père tout en le tournant.
C’est comme çà que cet homme laissa son dernier souffle puant l’alcool, sous sa propre fille.
Elsa se releva en laissant le couteau sur le torse de l’homme. Elle ne comprenait pas pourquoi mais elle était prise d’émotion et ses larmes n’arrêtaient pas de couler.
Elle sortit le balluchon de sa cachette et se dirigea vers la porte pour quitter à jamais ce lieu horrible.
Alors qu’elle allait poser la main sur la poignet de la porte, celle-ci s’ouvrit violemment et la frappa de plain fouet.
Sa mère rentra dans la chambre affolée et dans tous ses états.
Elle ne remarqua rien de ce qui venait de se produire dans la pièce.
Tout ce qu’elle savait c’était que les maîtres venaient de changer de couleur et de clamser juste après avoir finit leur repas!
Elle commença à lui crier dessus.
Elle lui donna un coup de genou au ventre qui l’a fit lâcher le baluchon et une gifle mémorable qui la projeta sur son père mort.
La mère était furieuse!
A cause des conneries de la fille ils allaient êtres jetés dans la rue ou pire encore exécutés pour meurtre!
Elle s’approcha rapidement de sa fille et continua de lui donner des coups de pieds alors qu’elle était encore ventre sur le cadavre.
Surprise que son mari ne réagisse pas à tout ce bordel elle lui gueula dessus aussi, dans l’espoir d’avoir une réaction de sa part.
Exaspérée par sa passivité, elle le regarda avec plus d’attention et finit par remarquer la tache rouge grandissante sur sa poitrine.
" Oh mon Dieu! "Horrifiée elle posa les mains sur sa bouche.
Elle fit mine de se retourner et commença à crier "gardes".
Elle allait sortir de la pièce en courant mais, Elsa attrapa son bras qui traînait derrière elle, juste avant qu’elle ne puisse s’éloigner.
La fille la tira de toutes ses forces vers elle ce qui fit la mère se retourner pour lui faire face.
C’est précisément à ce moment là qu’elle fut poignardée au front.
Un jet de sang éclaboussa le visage d’Elsa qui fit un pas en arrière.
Sa mère, avec le couteau toujours dans le front, tomba à genoux puis à plein ventre, morte elle aussi.
A la vue du cadavre de sa mère, un poids quitta la poitrine d’Elsa et elle put respirer plus facilement que jamais!
Ce n’est pas pour autant qu’elle avait arrêté de pleurer mais il était devenu impossible de distinguer si c’était des larmes de joie ou de tristesse…
Elle récupéra son balluchon et cette fois réussit à sortir de la pièce sans problème.
C’est pendant qu’elle descendait l’escalier que le destin décida de se mettre au travers de sa route une fois de plus.
Au pied de l’escalier elle tomba sur ses cinq frères qui la regardèrent comme si elle était tombée du ciel.
Dans toute cette agitation et avec ses émotions déchaînées, elle n’avait pas calculé tout le sang qu’elle avait sur ses vêtements et sur son visage. Quand elle comprit la source de leur étonnement, un sourire s’afficha mécaniquement sur ses lèvres. Elle leur fit un "au revoir" de la main et tenta de passer entre eux pour quitter le manoir.
Les frères ahuris la laissèrent s’en aller, ils ne saisissaient pas encore la totalité de la situation.
Ils venaient de rentrer du travail et tout ce qu’ils savaient c’était que le manoir était extrêmement agité pour une raison ou une autre.
Un d’eux, le plus futé, eut le bon sens de monter rapidement jusqu’à la chambre où il trouva les cadavres des deux parents. Il cria immédiatement à ses frères d’arrêter Elsa, de l’attraper et de la ramener. Il leur dit qu’elle avait tué leurs parents. Les frères s’exécutèrent et la rattrapèrent de justesse alors qu’elle allait ouvrir la porte arrière utilisée par le personnel. Elsa s’est débattue comme jamais. Une fois de plus elle ne comprenait pas!
Ses frères savaient comment elle avait souffert, ils étaient là! Ils avaient vu plusieurs fois! Eux aussi étaient battus par leurs parents! Eux aussi devaient les détester!
Pourtant, au lieu de la laisser partir, ils la traînèrent de nouveau jusqu’au grenier et la jetèrent dans la pièce qu’ils fermèrent ensuite.
Deux d’entre eux restèrent de l’autre côté pour bloqué la porte pendant que les autres étaient partis chercher les gardes. L’ironie du sort voulait qu’elle soit toujours du mauvais côté de cette porte.
Cette pièce était vraiment l’enfer sur terre.
Quand elle voulait s’y réfugier on l’enfermait dehors, quand elle voulait la quitter on l’emprisonnait dedans.
Pourquoi diable tout allait aussi mal?
Bientôt elle allait être arrêtée pour le meurtre des nobles et de ses parents…
Il n’y avait nul doute qu’elle serait exécutée pour cela. Cette pensée la fit pleurer de plus belle. Tout sauf çà!
Elle avait tolérer tout çà juste pour vivre!
Elle en tolérerait plus encore s’il le fallait! Mourir maintenant était hors de question!
Elle renversa son père décédé sur le sol et retira avec violence les draps sales qui couvraient le matelas de fortune. Elle les enroula autour de ses mains à fin de s’en faire une protection puis elle monta sur un tabouret qu’elle plaça devant l’une des petites fenêtres circulaires du grenier. Elle brisa la vitre avec l’aide de ses nouveaux gants et se hissa au niveau de l’ouverture créée. La fenêtre était très petite, la seule raison pour laquelle elle réussit à la traverser était son manque de nutrition régulier. Si mourir quotidiennement de faim a jamais été une bénédiction, ce fut ce jour là.
Elle se retrouva sur le toit du manoir, 3 étages au dessus du sol. Il y avait très peu de prises et aucun moyen de descendre. Désespérée elle chercha une alternative, elle regarda de tous les cotés mais en vain. Si elle attendait là elle allait mourir à coup sur. Si elle sautait…
Elsa joint ses mains en prière et fit un vœu de tout son être.
Elle savait que s’était égoïste, elle savait que c’était insensé et que s’était impossible.
Mais ce vœu était tout ce qui lui restait et sa meilleure chance.
Elle souhaita voler. Voler et atteindre l’horizon…
Terrorisée et toujours entrain de prier de toutes ses forces, elle se jeta dans le vide.
Evidemment son vœu ne fut pas exhaussé et elle fit connaissance avec le sol devant le manoir.
La chute lui brisa complètement les deux jambes et ce à plusieurs endroits. Si elle pouvait crier, la ville entière l’aurait entendue. Le choc passé elle s’évanouit à cause de la douleur.
Quand elle se réveilla le lendemain, elle était dans une pièce sombre, froide et humide. Elle essaya de bouger et fut confrontée à une terrible douleur qui lui rappela ses mésaventures de la veille.
Elle remarqua grâce au feu des quelques torches qui éclairaient l’endroit qu’elle était menottée et que ses liens étaient attachés au mur de pierre derrière elle. Devant elle il n’y avait que les barreaux de sa cellule. Nul besoin d’être un génie pour comprendre qu’elle avait atterri dans les cachots du Contre-Fort de Crystal.
Elle se lamenta silencieusement sur son sort pendant plusieurs heures. Après un bon bout de temps, un homme qui avait tout l’air d’un officier vint lui parler à travers les barreaux.
" J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi petite! "Elsa ne voulait pas l’entendre mais elle n’avait pas le choix…
C’était l’heure de son verdict!
" La mauvaise est que tu vas être exécutée ce soir même pour le meurtre de… Je sais plus, bref de tous ceux que tu as tués! "Voilà, c’était la fin, le sort en été jeté. Elsa baissa la tête et fixa le sol.
" La bonne nouvelle… Hehe! C’est que tu es mignonne et que donc on ne va pas t’exécuter! "Elsa retrouva instantanément goût à la vie, elle fixa l’homme d’un regard interrogateur. Par quel miracle allait-elle échapper à son triste sort?
" Normalement je ne te dirais rien de tout çà, par peur que tu ne le répète, mais il semblerait que dans ton cas ça ne risque pas d’arriver! Haha!
Moi et mes potes de la garde avons un petit arrangement avec quelques marchands qui passent par là de temps en temps. Il se trouve qu’ils sont souvent intéressés par les jolies filles dans ton genre! Notre accord consiste à les fournir en prisonnières, contre quoi ils nous fournissent en or, épatant n’est ce pas?
Tout le monde ici mentira au sujet de ton exécution… Ils diront tous qu’ils t’ont vu te faire décapiter. Si tu sais ce qui est bon pour toi tu diras la même chose… Oh, suis-je bête, tu ne peux pas parler! Tu pars d’ici ce soir! Réjouis-toi gamine! "Elsa n’avait pas compris sur le moment la totalité du discours de l’homme.
Tout ce qu’elle avait compris c’était qu’elle allait s’en tirer vivante et elle en remerciait les dieux!
Ce n’est que le soir venu qu’elle réalisa que sa nouvelle situation n’était que de très peu plus enviable à la dernière.
En plein milieu de la nuit, elle fut réveillée par le grincement des barreaux qui signalaient l’ouverture de sa cellule.
Dans la pénombre et mal réveillée, elle n’a pas put distinguer les ombres qui sont rentrées pour la libérer.
Ils ouvrirent les menottes avec les clés et une fois la fille libérée, ils l’ont levée et cachée dans un gros sac.
Le choc du déplacement et les coups qu’elle se prit une fois dans le sac ont vite fait de la réveillée avec ses jambes cassées.
Une fois de plus elle aurait hurlé à mort.
Le sac fut fermé, ce qui finit par lui causer un manque d’oxygène au bout d’un moment.
Avant qu’elle ne perde connaissance elle comprit que ses kidnappeurs essayaient de quitter furtivement les Contre-Forts de Crystal.
Elle n’avait jamais imaginé que ce serait comme çà qu’elle quitterait cette ville mais dans son désespoir absolu tout était bon à prendre!
Quand elle se réveilla, elle était à nouveau dans une cage, plus petite cette fois-ci et sur une charrette.
Dans la même charrette il y avait deux autres filles qui n’avaient pas l’air d’être dans un état bien meilleur qu’elle.
Il y avait aussi d’autres charrettes avec d’autres cages et d’autres filles devant et derrière celle où elle se trouvait.
C’est comme çà que ce type particulier de marchands opéraient le transport de leurs biens.
Les deux filles dans la charrette commencèrent à discuter et lui adressèrent même la parole à un moment.
Elsa réussit, quoique avec un peu de mal, à leur faire comprendre qu’elle était muette, après quoi elles continuèrent leur discussion à deux.
Il y avait Laura, une voleuse rousse qui avait surestimé ses capacités et avait tenté de piller un endroit bien trop gardé et Alexandra, une petite blonde chétive qui se voulait chef révolutionnaire. Elles restèrent dans ces cages pendant tout le voyage qui dura plusieurs jours et ce sous un soleil intolérable. Il n’y avait que quelques rares pauses sur la route pour leurs différents besoins et certaines tentèrent de s’échapper mais en vain car à aucun moment il n’y a eut de ville ou village en vue. Les "commerçants" connaissaient bien les chemins à prendre pour faire circuler les filles son attirer l’attention et en évitant les routes surveillées.
Éventuellement ils arrivèrent à leur nouvelle maison, une maison close.
Les filles ont étés lavées, examinées en profondeur, "habillées" et présentées au public.
La situation était encore plus accablante pour Elsa qui avait toujours les jambes complètement pétées.
Elle a été connue comme la fille "sac à patates" dans l’établissement.
Le pire c’est qu’il y avait toujours des clients à qui ça convenait parfaitement.
Pendant ses années au bordel, Elsa put voir certains des pires aspects de l’humanité… et elle a subit beaucoup de choses.
Bien qu'aucune partie de ce passage de sa vie ne fut plaisante, le début fut de loin la période la plus horrible.
La douleur de ses jambes la faisait incroyablement souffrir, chose que ni les clients prenaient en compte pendant l’acte, ni ses patrons.
De plus, comme à son habitude elle faisait de son mieux pour résister et se débattre ce qui lui causait de nouveaux ennuis et plusieurs viols par jour.
Evidemment, une fois de plus, elle se faisait aussi battre en fin de journée quand ses patrons apprenaient son insubordination.
La seule chose qui lui permit de survivre à cet enfer fut qu’elle se lia d’une amitié profonde avec Laura, la fille qui était dans la même charrette qu’elle quand elles avaient étés enlevées des cachots du Contre-Fort de Crystal. Cette fille est devenue sa première et unique amie. Un être avec qui elle se sentait en confiance, en sûreté.
Un an plus tard, sa condition ne s’était en rien améliorée.
Le seul changement était qu’elle avait finit par devenir plus obéissante pendant ses séances bien qu’au final ce n’était que pour mieux tromper ses patrons.
Elle avait désormais passé assez de temps là-bas pour savoir comment fonctionnait la sécurité de l’endroit.
Il faut dire que le cartel qui gérait l’établissement était très au point, aucune des filles n’avait jamais réussit à s’en échapper.
Celles qui persistaient trop dans leurs efforts rencontraient même une fin tragique qui dissuadait leurs camarades de tenter quoi que ce soit.
Beaucoup d’elles avaient complètement accepté leur sort. Elles savaient qu’il n’y avait pas d’alternative et elles préféraient de loin cette vie à la mort qui leur avait été promise dans leurs prisons respectives.
Mais pas Elsa.
Elle, elle aspirait encore à la liberté, plus que jamais.
Son amitié avec Laura l’avait convaincue qu’il y avait une vie meilleure quelque part et elle allait la trouver!
Avec Laura elles avaient commencé à planifier leur évasion.
Elles allaient voler autant d’or que possible et fuir le bordel avec l’aide d’un des clients réguliers de Laura qui en était tombé amoureux et qui voulait la libérer.
Cependant, avant de pouvoir tenter quoi que ce soit, Elsa devait récupérer l’usage de ses jambes.
D’où sa soudaine acceptation des règles et son nouveau "enthousiasme" pour son travail.
Ça a prit un an de plus mais, à ses 16 ans, les propriétaires d’Elsa décidèrent qu’elle était assez digne de confiance pour récupérer l’usage de ses jambes.
Enfin… Il y avait çà et le fait qu’elle rapportait beaucoup moins que les autres...
En effet, déjà que sa profession ces dernières années n’était pas la plus honorable, en plus de çà elle devait vivre avec la honte d’être la pute la moins cher du bordel, ceci découlait évidemment de son handicap.
Les patrons souhaitent désormais l’utilisée au maximum de son potentiel, après tout elle était très belle et elle pouvait rapporter bien plus!
Aussi paradoxale que cela puisse paraître, pour Elsa ça a été perçu comme un coup de chance car maintenant elle pouvait enfin quitter cet enfer!
Grace au soigneur embauché par les proprios, elle avait complètement récupéré l’usage de ses jambes.
C’était la première fois depuis très longtemps qu’elle pouvait les bouger sans avoir mal.
Il y avait eut des jours où elle avait pensé qu’elle ne remarcherait plus jamais.
Ces ténèbres étaient loin derrière elle maintenant.
Un soir, après les heures de service, Elsa et Laura usèrent de leurs charmes pour séduire les gardes postés aux sorties de l’établissement.
Eux qui normalement étaient de marbre à toute tentative dans le genre, bien trop entraînés et expérimentés, ne réussirent pourtant pas à résister à l’attaque combinée des deux filles.
Il faut dire qu’elles étaient vraiment sublimes dans leurs petites tenues et qu’il n’y avait pas un homme sur Haerii qui aurait fait autrement à leur place.
En plus de leur beauté divine, elles avaient quelque chose qui poussait les gens à les trouver sympathiques, à leur faire confiance. Avec l’appât de jolies promesses, elles attirèrent les deux hommes dans les chambres de luxe de l’établissement. Elles avaient choisit leur moment pour que çà tombe un soir où les patrons étaient à l’étranger en voyage d’affaire, ceci permettait aux gardes d’êtres un peu plus à l’aise et plus susceptibles de les suivre vu qu’ils ne risquaient pas de se faire engueulés.
Ils savaient que leurs confrères étaient toujours opérationnels donc il ne devrait pas y avoir de problèmes s’ils s’éclipsaient quelques instants… Ce n’est pas tout mais s’était une vraie torture de voir toutes ces filles sans jamais pouvoir y toucher! Les jolies promesses se transformèrent en de jolies choses qui furent arrosées avec beaucoup de vin. Vin auquel Elsa avait prit le soin d’ajouter quelques ingrédients supplémentaires pour en faire un solide somnifère. Elle remercia Dieu d’avoir étudié les poisons quand elle était au manoir. Sans çà, leur escapade aurait été bien plus difficile!
C’est très méthodiquement qu’elles répétèrent le processus pour chaque paire de gardes, les emmenant à chaque fois dans une nouvelle chambre et cachant leurs camarades endormis pour éviter que quelqu’un ne sonne l’alerte.
Elles étaient tellement bonnes à leur petit manège que d’ici 3 heures du matin elles avaient écoulé le stock de gardes.
Prendre les clés du coffre de leur chef endormi était un véritable jeu d’enfant.
Les mains pleines de sacs de dormns, elles se faufilèrent à travers les bâtiments du village dans lequel était situé l’établissement.
Au bout du village, elles trouvèrent comme convenu l’amant de Laura.
Il avait préparé un chariot et il était dessus, prêt à partir.
Il tendit la main à Laura pour l’aider à monter. Ils prirent ensuite les sacs avec le fric des mains d’Elsa pour la débarrassée à fin qu’elle puisse monter également. Du moins c’est ce qu’elle avait cru…
Après s’être penchée une dernière fois pour installer l’ultime sac de fric, Laura se releva avec un pistolet en main.
Affichant un sourire sadique, elle tira une balle dans la jambe gauche d’Elsa qui refusait de croire ce qui était entrain d’arriver.
Une douleur bien trop familière à sa jambe lui indiqua que tout ceci était bien réel.
Laura lui ria en pleine figure et lui révéla extasiée qu’elle n’avait eu besoin d’elle que pour emporter plus d’argent.
Maintenant elle pouvait mourir au bordel!
Incapable de crier pour l’insulter, Elsa se contenta de lui faire des signes pas très catholiques, ce qui au final ne servit à rien sauf à raviver les rires de Laura. Son amie, son être le plus cher venait de lui faire un mémorable coup de pute!
Comme si la blessure et la trahison n’étaient pas suffisantes, le coup de feu avait probablement réveillé tout le village. Dans très peu de temps elle se ferait rattraper et là, elle serait vraiment dans la merde!
Cette fois personne ne la sauverait de la mort…
Non, elle n’allait pas abandonner!
Pas après tout ce qu’elle avait vécu!
Elle allait enfin vivre libre!
D'après le peu de choses qu’elle savait sur le village, il y avait une écurie pas loin de là où elle se trouvait.
Elle s’y rendu aussi vite qu’elle pouvait, traînant sa jambe blessée qui laissait des traces de sang sur le sol.
Le village commençait à s’animer autour d’elle, Elsa baignait dans des sueurs froides.
Elle arriva à destination et essaya d’ouvrir la porte de l’étable mais sans succès, elle était fermée à clé.
Son esprit était troublé, elle n’arrivait pas à penser clairement.
Elle contourna le petit édifice et trouva une fenêtre qu’elle put briser pour s’y introduire.
Une fois à l’intérieur elle put remarquer que tous les animaux étaient comme leurs maîtres: réveillés et agités.
Elle n’était jamais encore montée à cheval… enfin... l’animal quoi!
Commencer avec un déjà effrayé par le coup de feu et l’agitation en plein milieu de la nuit n’était pas une bonne idée.
Elle chercha et trouva le plus calme d’entre eux et le sortit de son lit de pailles.
Il n’était pas sellé, tant pis, elle devrait faire avec. Elle monta dessus tant bien que mal et se démerda pour le faire défoncer la porte avec ses sabots, après quoi tous les deux disparurent dans les ténèbres de la nuit.