Les plaines de l’Anauroch. Avec ses rares cours d’eau, son soleil violent à chaque saison, et son vent chaud. La vie y stagne. Chercher quelque chose de différent à chaque jour qui passe dans la cambrousse Anaurite est aussi stupide que de chercher une différence entre deux secondes adjacentes dans le temps. Rien ne change, mais rien ne reste exactement pareil, par ici. Bref, le temps passe, apportant son lot de bonheur et de malheur ponctuel, son lot d’aventures et d’ennui journalier.

Rien ne change, mais rien ne reste exactement pareil… Et pourtant il arrive que par moments, dans les plaines désertiques de l’Anauroch, il y ait du mouvement…



Fedorah: “HOLY MOTHERF***ING HELLS!”

Fedorah Alburn, chasseresse de monstres de la cambrousse. Une Monster Hunter, chassant les créatures massives qui vivent dans les territoires sauvages Anaurites, pour protéger les populations et apporter un peu de viande sur la table… Non, surtout pour vendre les peaux des bêtes chassées, leurs os, leurs griffes...Tout ce que la Gibs Company et Abram Kadabram achètent. Monté sur sa magnifique jument Syrium, elle galope à toute allure; et pour cause, un énorme oiseau de quatre mètres de haut fonce droit sur eux.



Fedorah: “SH**! Sten’, le qurupeco me rattrappe! C’est pour quand le piège?!” gueule-t-elle dans un iCristal attaché par une ceinture au niveau de sa poitrine.

iCristal: “Pas tout de suite! Solas dit qu’il n’y a pas assez de barrils pour endormir un qurupeco de cette taille!”

Fedorah: “ENDORMIR?! VOUS VOULEZ L’ENDORMIR PENDANT QUE JE ME FAIS BOUFFER?! SORTEZ LES EXPLOSIFS, DUMBASSES! MOVE IT!”

Fedorah entre dans un champ d’arbustes et de petits buissons. Sa monture est entraînée et évite facilement les obstacles, et continue en ligne droite. Le qurupeco, lui, dispose d’une masse suffisante pour aplatir tout ce qui se met en travers de sa route vers son repas, tout simplement. Il est à peine ralenti par les obstacles et se rapproche dangereusement. Encore quelques mètres et il va bien manger. Il glousse d'excitation au fur et à mesure qu’il se rapproche, sentant l’odeur alléchante de Fedorah s’intensifier. Il n’avait pas mangé d’humanoïdes depuis un bon moment!

Sentant les tremblements des pas massifs du Qurupeco s’intensifier, Fedorah se retourne sur sa selle, place ses oreillettes, et déploie le fusil qu’elle gardait jusqu’alors attaché à son dos: Une carabine à ragnite large, disposant d’un canon long d’un mètre et large de deux centimètres sur lequel on peut lire “B.D.A-VIGOROUS mk-2”, et d’un chargeur à dix balles à ragnite de calibre lourd. Elle met le bec du qurupeco en joue, et appuie sur la détente une fois.

Un vacarme assourdissant se fait entendre à des centaines de mètres dans toutes les directions. Le qurupeco n’a visiblement pas pris aussi cher depuis longtemps, son bec saigne et présente un large trou, malgré sa rigidité. La jument Syrium a visiblement l’habitude, puisqu’elle continue sa course. Fedorah, elle, subit le recul de l’arme, et se retrouve le dos collée à la jument. Elle se redresse pour constater que le qurupeco ne s’est que brièvement arrêté, et qu’il à repris sa course.

Fedorah: “Holy s***... j’ai pris plus cher que lui…” constata-t-elle, avec une pointe de déception. “Je vais en Red-2, envoyez-moi de l’aide!” cria-t-elle dans l’iCristal.

Au fond, elle savait qu’elle serait déçue par les renforts qui l’attendraient en Red-2, d’une part parce que le point faible de son équipe de chasse était que personne ne travaillait en synchronisation, d’autre part parce que sa jument était très rapide, plus rapide que la monture de ses coéquipiers.

Elle réarma son fusil à ragnite. Le qurupeco se rapprochait encore. Elle mit le qurupeco en joue depuis la taille, cette fois-ci, sacrifiant de la précision pour une meilleure stabilité.

Fedorah: “HAVE A NICE DREAM, BI****!”

Le tir fusa, la large balle s’encastrant cette fois-ci dans les glandes du qurupeco. L’oiseau-monstre hurla de douleur mais ne s’arrêta pas. En fait, il accéléra, visiblement en rogne contre Fedorah.

Fedorah: “Oups?!”

???: “CAVALRY INCOMING, BABY!” la voix provenait de l’iCristal. Une voix stupide, survitaminée, d’un guerrier qui aime un peu trop la baston et qui manque de neurones.

Fedorah: “Shinger?!”

Un cri de guerre se fit entendre, venant de derrière le qurupeco. Fedorah savait ce qui allait se passer, et soupira d’avance.
Le dénommé Shinger s’était placé derrière le qurupeco, profitant de l’attention qu’il portait à Fedorah. Une fois a portée, il avait sauté sur le qurupeco avec une claymore.
Le qurupeco fût d’abord surpris de sentir un humain sauter sur son dos. Sa surprise fût double quand l’humain en question planta sa large épée dans son dos.

Fedorah: “Casse-toi! C’est pas assez pour abattre un qurupeco, ça!”

Shinger: “Sérieux?!”

qurupeco: “ZBRAAAAAAAAAAAAAAAH!” l’oiseau n’avait certainement pas l’air content, et faisait preuve d’un peu trop de vitalité au goût du guerrier qui avait sauté dans son dos. Le qurupeco tournoyait sur lui-même dans l’espoir de détacher le méchant humain qui l’avait poignardé avec son cure-dent bizarre. Shinger se tenait à sa claymore toujours plantée, et avait sorti une dague qu’il plantait et retirait a répétition du dos du qurupeco.

Shinger: “Sal***! Co*****! Bor***!” Le Monster Hunter n’avait pas l’air paniqué, sa seule et unique priorité était de faire un max de dégats. Il ne faisait même plus attention à sa propre sécurité.

Fedorah fit demi-tour avec sa monture. Elle réarma le fusil pour la troisième fois. Elle se mit debout sur sa monture et sauta sur le qurupeco elle-même, dangereusement près de sa bouche: Elle atterrit sur les glandes et tira dessus à bout portant avec son fusil surpuissant. La puissance de l’impact fit voler l’arme de Fedorah hors de ses mains, et étourdit le qurupeco. Fedorah, armée de gantelets de combat, se mit a frapper le qurupeco.

Fedorah: “Règle 1 du Monster Hunter: Toujours frapper les glands quand il y en a! AXEL... RAVE!”

Fedorah fit pleuvoir une pluie de coups sur le point faible du pauvre qurupeco, qui ne tarda plus à s’écrouler, et arrêter de bouger.

Monster Hunters : 1 - 0 : Monsters



Shinger: “YEAAAH RIIIIGHT! Toppe-là!”

Fedorah frappa dans la paume ouverte que présenta le guerrier à la claymore. Ce dernier retira son couteau et son épée du corps du qurupeco à qui mieux mieux.
Les deux derniers membres de l’équipe, un artilleur et un ingénieur, ne tardèrent pas à faire leurs apparitions.

Stender, l’artificier, prit la parole:

Stender: “Okay, Fedorah, la prochaine fois on oublie le piège, on va juste foncer comme des dératés, ça marche beaucoup mieux! D’ailleurs Solas, t’es viré! Tes pièges servent à rien!”

Solas, l’ingénieur, rétorqua d’une voix basse et d’un regard endormi.

Solas: “Ca ne me gène pas. Vous seriez incapables de combattre un lapin sans moi pour vous proposer un plan.”

Shinger: “Bah! Ce qui compte, c’est qu’on va se faire la masse de monnaie avec ça!” dit-il en désignant le corps inerte du qurupeco. En effet, un qurupeco assez large était très prisé pour ses os solides et souples, son cuir épais, et pour le contenu de ses glandes utile en alchimie.

Chaque membre du groupe fit ses propres évaluations.

Stender: “Quatre ans d’âge, je dirais. On devrait s’en tirer pour trois mille dormns?”

Solas: “Un peu moins. Les glandes sont dans un état correct, mais elles sont petites pour un tel âge. Le bec est endommagé aussi.”

Shinger: “Hm. Une dizaine de verres, et la fille du bar.”

Fedorah: “Ca me fait mon sixième qurupeco, et mon trente-troisième monstre de taille L!”

Shinger et Fedorah étaient encore couverts de sang de qurupeco, mais cela importait peu. Ca faisait partie du travail. Solas revint avec un petit véhicule motorisé alimenté par talocite, pour emporter les parties du qurupeco utiles ou vendables, et les autres repartirent sur leurs propres montures.



Leur trajet dura plus d’une heure, à cause de la taille du chargement arrimé sur le véhicule de Solas. Ils traversèrent la cambrousse immuable, sous le soleil de plomb, en proie au vent sec. Mais tout cela importait peu. Ils avaient bien travaillé, ils allaient récolter le fruit de leur labeur, et se la couler douce pendant un moment. Et avant tout, ils étaient libres. Ils travaillaient pour eux-mêmes, et bénéficiaient du privilège d’une vie gratifiante, malgré sa difficulté. Ils finirent par arriver dans une sorte de camp constitué de larges tentes colorées planté au milieu de la plaine, comptant une trentaine de tentes.

Les étals devant et à l’intérieur des tentes variaient de tente en tente. On distinguait le nécessaire de camping au fond de chaque tente, signe que certains résidaient du moins temporairement ici. Le camp devait compter quelques dizaines d’âmes, parmi lesquelles des aventuriers similaires à la bande de Fedorah, des marchands et forgerons, offrant leurs services aux aventuriers, et surtout les collecteurs des grandes compagnies, la Gibbs et Kadabram, qui achètent les prises des aventuriers qui s’aventuraient dans la cambrousse.

Bienvenus au comptoir d’Orion.

Solas et Stender avaient l’habitude de s’occuper de la vente des récoltes, et prirent en charge la tâche. Shinger et Fedorah en profitèrent pour retourner à la tente qu’ils avaient loués pour leur chasse pour se nettoyer, panser les plaies, et se réapprovisionner.

Le temps que tout ce qui était important soit fait, le groupe se retrouva pour le repas du soir. Vers neuf heures, tous les Hunters étaient rentrés et la nuit commençait à tomber. Tout le monde travaillant au camp se retrouva pour le banquet habitue, qui était servi dans un terrain vague au centre du camp. Une large tente où était préparée la nourriture s’y dressait aux côtés d’un puits de désert qui remontait de l’eau des profondeurs en continu. Autour de la tente-cantine, des tables étaient dressées, où tous s'asseyaient en attendant d’être servis.

Chacun attaquait son repas avec ardeur: De la viande était servie à chaque repas, produit de la chasse du jour. La cambrousse, ça creusait, et la viande était bien préparée.

Fedorah: “On s’est fait combien du coup?”

Stender: “2600 domns, ce qui fait 650 domns chacun. C’est plus que correct, encore une ou deux chasses et on pourra faire une pause, plus une pour combler les frais de l’aventure.”

Shinger: “Vous allez faire quoi de votre argent?”

Solas: “Le dépenser en une semaine en alcool et en femmes, comme toi. Ensuite, on va implorer au reste du groupe de faire une nouvelle sortie.” dit-il d’une voix froide et démotivée, à son habitude.

Fedorah et Stender éclatèrent de rire pendant que le guerrier restait silencieux. Solas avait fait mouche, car Stender était, du groupe, celui qui dépensait l’argent de la chasse le plus vite, et souvent de manière peu recommandable.

Solas: “Plus sérieusement, j’ai l’intention d’amasser assez d’argent pour mes projets futurs. Tu devrais apprendre à en faire de même.”

Shinger: “...”

Stender: “Sinon, pour couper court à la énième leçon morale de Solas, je vais m’acheter du nouveau matos, j’en ai marre de mon vieux Longbow 3, la B.D.A vient de sortir le modèle 5!” dit-il, le regard doré, tapotant son fusil longue portée encore en parfait état, malgré deux ans d’utilisation intensive: la qualité Anaurite et l’entretien fidèle font toute la différence…

Fedorah: “Oh? Déjà le 5? Le quatre était déjà impressionnant…!”

Stender: “Indeed! Le Longbow 4 le modèle utilisé dans l’armée Anaurite. Il a fait toutes ses preuves, alors le 5… Mais tu va faire quoi, toi, Fedorah?”

Fedorah: “Et bien… ça fait un moment que je ne suis pas rentrée chez moi, alors je vais faire un passage à Salvario.”

Shinger: “Sympa. Mais je ne comprendrais jamais ce qui t’attache à ce village…”

Les Monster Hunters continuèrent à parler pour le reste de la soirée. A la fin de la semaine, la chasse accomplie, ils se mirent en route pour Ismakar, où ils se séparèrent et prirent des directions différentes, avec la promesse de se revoir très prochainement pour une nouvelle chasse. Fedorah, elle, prit la nef pour Akhtoral.


Trois jours plus tard, elle accompagnait une petite caravane marchande dans le désert. Ils traversaient un canyon étroit dans la parcelle de désert qui s’étendait au sud d’Akhtoral, a l’abri du soleil et du vent. Ils partaient  vers la frontière de Samargol, où ils vendraient leurs articles aux différentes garnisons Anaurites: Un port aérien trop près de la frontière aurait été une cible facile, si bien que tout ravitaillement passait par voies terrestres. Il y avait des routes commerciales plus profitables en Anauroch, mais celle-ci avait l’avantage d’être stable et sécurisée… en temps de paix, bien entendu.

Fedorah accompagnait le chariot avant, et parlait avec le maître caravanier du haut de sa monture.

Caravanier: “Nous allons atteindre Salvario dans une heure environ. On devrait sortir du canyon d’ici peu. Je suppose que vous allez nous quitter à ce moment-là?”

Fedorah: “Oui. Salvario est ma destination finale. Vous allez continuer vers le sud je suppose? Quels forts allez-vous visiter?”

Caravanier: “Endahak, Azurath, Liorinth, et peut-être La Croisée. Bref, toute la frontière dans la région d’Akhtoral. Selon les opportunités, on pourrait soit passer dans la région de Vastrow pour faire plus de commerce, ou remonter à Blue Day. “

Fedorah: “Si vous repassez par Salvario, demandez-moi, je remonterais peut-être avec vous.”

Caravanier: “C’est noté. Avoir un Monster Hunter qui connaît la région avec soi, c’est toujours bon à avoir. Si jamais vous cherchez du travail ou que vous avez des opportunités à saisir, contactez moi. Jaron Melry.”

Fedorah sourit.

Fedorah: “C’est noté.”



La porte de l’atelier Umberlee était grande ouverte. A l’intérieur, des sons de moteurs à talocite et de scies découpant du métal faisaient rage, brisant a peine le calme que dégageait le village de Salvario. L’intérieur sentait l’huile, la poussière et la poudre. Fedorah sourit. Certaines choses étaient immuables.

Fedorah: “Old man! Sors de là, c’est Fedorah!”

???: “FEDORAH?!” La scie à métaux s’arrêta. La voix qui s’était exclamée était lourde, rugueuse, appartenait à un homme mature.

???: “Wah! Wah!?” Cette voix-ci appartenait à un chien.

Au même chien-loup du désert qui se rua sur Fedorah en passant par la porte de l’atelier, et la couvra de léchouilles. Fedorah tomba au sol avec l’énorme chien devant l’atelier. Un homme ne tarda pas à passer la porte, en tablier, visiblement en plein travail.

???: “Fedorah, ma fille!”

Fedorah: “Old man! C’est bon d’être chez soi!”




Les trois s’installèrent dans la cuisine, à l’étage de l’atelier. Le vieux Umberlee, comme tout le monde l'appelait, vivait dans son atelier. Fedorah s’assit sur une des chaises et accepta le thé que lui tendit Umberlee. Le chien, Paco, dormait aux pieds de Fedorah.



Umberlee: “Alors, raconte-moi tout.”

Fedorah: “J’ai passé les derniers mois à voyager, alternant les petits boulots et les contrats de Monster Hunters avec les autres. J’ai abattu mon 33ème large monstre, je commence à être badass! Et j’ai eu l’occasion de mettre un pied en Gallia…”

Fedorah passa une petite heure à raconter tout ce qu’elle avait vu dans ses voyages. C’était une aventurière dans l’âme, incapable de rester en place. Elle aimait découvrir des nouvelles choses, s’amuser, trouver des trésors, faire la connaissance de nouveaux individus intéressants. Le danger l’amusait, l’ennui la tuait. Il finit par sortir plusieurs paquets de son sac qu’elle posa sur la table. Umberlee regardait avec soin les paquets, devinant leur contenu.

Fedorah: “En explorant quelques ruines et en parlant avec les bonnes personnes, j’ai pu réunir quelques pièces d’ingénierie de l’Ancien Empire. C’est cher, ces trucs, mais j’espère que ça t’aidera.”

Fedorah déplia les paquets. Umberlee passa d’un paquet a l’autre, observant les différents engrenages, silos, réceptacles qu’avaient rapporté Fedorah.

Umberlee: “Gamine, je ne pourrais jamais assez te remercier… Ça, c’est un convertisseur Oprium. C’est rare. Les anciens s’en servaient pour transformer directement le mana d’un individu en énergie. Cette énergie peut alimenter d’autres machines, du même genre que celles que nous utilisons avec du Ragnite. Là où nous avons besoin de plusieurs dizaines de kilos de ragnite pour accomplir une tâche, les anciens avaient besoin d’attacher cette machine sur le dos d’un enfant pendant une heure, sans lui faire le moindre mal. Même notre magie est en fait une copie de la magie que pratiquaient les anciens, mais simplifiée…”

Fedorah l’écoutait, prenait des notes. Malgré son apparence simpliste et le fait qu’il habitait dans un petit village, le vieux Umberlee était en fait un excellent ingénieur, spécialisé dans les technologies perdues. Quand Fedorah lui apportait des pièces d'ingénieries anciennes, Umberlee partageait sa science, parlait de ses trouvailles, de quoi ravir la jeune Hunter. Car Fedorah, malgré les apparences, était intelligente, et avait un talent naturel pour ce qui touchait à la mécanique et à l’énergie. Elle avait fini par développer des compétences pour les technologies Anaurites et anciennes, compétences qui lui valaient le respect d’autres ingénieurs et la fierté d’Umberlee, son père et mentor.

Quand Fedorah finit d’exposer les pièces qu’elle avait ramenée et qu’Umberlee eût fini son cours, le maître ingénieur amena la Hunter a l’arrière de la boutique. Fedorah était émerveillée à chaque passage dans cette salle prestigieuse: Tous les projets d’Umberlee, anciens comme récents, terminés comme inachevés, étaient entreposés ici. Cette arrière boutique était un temple aux anciennes technologies et aux nouvelles. La pièce était large et quadrillée par des rangées d’étagères sur lesquelles reposaient de nombreux coffres.

Umberlee: “Le convertisseur que tu m’as ramené était le dernier élément qu’il me fallait pour une de mes plus belles inventions.”

Fedorah sourit. Toutes les inventions d’Umberlee semblaient être ses plus belles inventions. Pourtant, il y avait toujours une part de vérité dans ce qu’il disait. L’esprit d’Umberlee était farfelu. Il cherchait toujours à créer des machines nouvelles, chacune disposant de sa propre utilité. L’une facilitait le travail agricole, l’autre permettait de forer sous la terre à de grandes profondeurs… Umberlee était un génie, et ses créations étaient nombreuses. A la recherche de défi et d’auto-dépassement, Umberlee avait travaillé pour le compte de nombreuses compagnies anaurites, pour différents conseils de ville. Par conséquent, a plusieurs reprises des individus aux intentions douteuses avaient tenté de voler ses inventions. Mais jusque là, personne n’avait pu neutraliser la barrière cinétique qui protégeait son atelier.

Ils s’arrêtèrent devant l’un des lourds coffres, qu’ils tirèrent jusqu’à l’avant de la boutique, jusqu’à l’atelier d’Umberlee. Là, le maître ingénieur ouvrit le couvercle, révélant  un contenu inhabituel: Une paire de bottes, de gantelets, deux paires de brassards et ce qui semblait être une pièce d’armure, à mi-chemin entre les épaulières et la cuirasse: Elle couvrait les épaules et la partie supérieure de l’arrière du dos, et était ajustable par une sangle qui passait devant la cage thoraxique. L’ensemble des pièces était lourd et dense, signe qu’elles n’étaient pas de simples pièces d’armure.

Fedorah: “Qu’est-ce que c’est?”

Umberlee: “Fedorah, grâce à toi…”

Umberlee saisit la partie centrale de ses mains, et y inséra le convertisseur Oprium dans une cavité dédiée.

Umberlee: “J’ai enfin pu terminer la première exo-armure à fin civile.”

Fedorah trésaillit quand Umberlee parla d’exo-armure. L’exo-armurerie était un thème récurrent dans les discussions anaurites: On discutait de l’invention et de l’introduction d’armures mécaniques, basées sur les technologies des Hommes-Horloges, qui permettraient de démultiplier la force de soldats de l’Anauroch qui en seraient équipées. Il y avait bien sûr des enjeux civils, mais les premiers intéressés, qui étaient aussi chercheurs et qui finançaient ces projets était le Haut Commandement Armé Anaurite. Il semblait évident que les premières exo-armures qui seraient produites seraient destinées à des fins militaires.

Pourtant, Fedorah était en face d’une exo-armure qui semblait fonctionnelle. Elle examina les parties une par une, cherchant les réponses qui lui manquaient.

Fedorah: “Je ne comprends pas...Le blindage n’est pas épais… L’armement est absent. L’armure est alimentée par… le convertisseur Oprium, l’armure puise dans l’énergie magique de son utilisateur pour fonctionner…? C’est génial… Tu viens de surpasser les ingénieurs de l’armée, Old Man. Mais pourquoi une armure aussi légère?”

Umberlee: “Parce qu’elle n’a pas besoin d’être plus lourde. Elle n’a pas été conçue pour quelque forme de combat, Fedorah.”

Fedorah ne comprenait pas. Elle restait plantée, bouche bée, face à la merveille technologique sans comprendre l’objectif de son créateur. Umberlee continua.

Umberlee: “Enfin, je devrais plutôt dire que j’ai conçu cette armure pour une autre sorte de combat. Tu n’es pas sans savoir que les accidents dans le domaine de l’industrie sont, malgré les mesures, fréquents? Certains se retrouvent blessés ou brûlés grièvement dans les usines anaurites. Certains récupèrent, d’autres n’ont aucun espoir, et sont laissés en marge de la société. C’est une des raisons pour lesquelles l’Anauroch tient des records en matière de criminalité. Cette armure, ce prototype, pourrait, à terme, permettre à ces personnes d’être réintroduites dans la société, au prix de leur magie."

Fedorah eut un déclic et comprit.

Fedorah: “Tu veux faire un miracle… Ce design… Les brassards… La charge légère...Tu veux offrir une alternative aux blessés graves et aux handicapés! Tu veux faire marché l’homme paralysé!”

Umberlee: “Bien joué, gamine. Bien deviné.” dit-il en souriant. “Cette armure, le Salvere Alpha Mk-1 devrait permettre, à terme, l’éradication de l’immobilité au prix de la magie de l’utilisateur.”

S’en suivit une discussion animée entre le père et la fille, Fedorah qui en demandait toujours plus et Umberlee qui ouvrait cinq questions quand il en répondait à une. Ils passèrent le reste de l’après-midi à discuter d’inventions, de technologie ancienne et actuelle, et de l’exo-armure et de ses composants. A la fin de le journée, Fedorah avait compris comment fonctionnait l’armure qu’avait fabriqué son père.

Les deux ingénieurs continuèrent jusqu’à tard le soir, travaillant sur différents projets d’Umberlee. Fedorah profita ce soir là d’un sommeil sans rêves…




Des détonations multiples tirèrent Fedorah de son sommeil. Son premier réflexe fût de penser à l’atelier, où les accidents étaient fréquents. Elle sauta hors de son lit et descendit à l’atelier en courant. A sa surprise, l’atelier était inerte. Pourtant, de nouvelles détonations se firent entendre.
Une main se posa sur son épaule.

Umberlee: “Pas le moindre bruit. Regarde à l’extérieur. Ce sont les samargolites. Ils attaquent le village. Va récupérer ton équipement, on doit défendre le village.”

Fedorah remonta en courant jusqu’à sa chambre. Elle s’équipa de son armure, arma ses pistolets, et glissa ses gants blindés. Quand Elle redescendit, Umberlee était armé jusqu’aux dents. Deux canons massifs -probablement des prototypes- étaient fixés à ses avant-bras, il était encastré dans une armure basique et plusieurs armes à feux conventionnelles étaient fixées à sa ceinture.
Même Paco, le chien, était encastré dans une armure métallique.

Fedorah: “Tu n’as sérieusement rien à faire de tes journées. Mais ça risque de sauver Paco.”

Umberlee lui sourit et regarda par l’une des fenêtres de l’atelier.

Umberlee: “Plusieurs maisons brûlent de feu magique. Je ne vois pas beaucoup de soldats, ce doit être une avant-garde ou un raid de terreur. On doit donner à la milice le temps de se regrouper et ils devraient pouvoir faire le reste.”

Fedorah ne donna pas de réponses, et sortit au pas de charge.

Fedorah: “COME AT ME, MOTHERF******! ANAUROOOOOOOCH!”

Le premier mage qui tenta d’intercepter Fedorah prit une balle dans la tête. Le deuxième, qui était en armure, prit une balle dans le torse, avant de prendre un coup de pied de la botte de Fedorah dans la tête. Dans un craquement sourd, il s’écroula. Fedorah s’abrita derrière son cadavre quand les autres soldats samargolites commencèrent leurs attaques de boules de feu et de carreaux d’arbalète.

Mais Fedorah ne fût pas immobilisée longtemps, car Umberlee déchargea un torrent de flammes sur les agresseurs de sa fille, pendant que Paco sautait au cou d’un soldat qui préférait aller chercher de l’aide plutôt que de mourir.

En quelques instants, sept soldats samargolites nourrissaient les vers. Des hommes portant des fusils sortirent des maisons avoisinantes.

Milicien: “Fedorah, tu es de retour! Umberlee, aide nous à regrouper la milice, et on pourra les repousser!”

Umberlee: “Okay les gars. On va faire un tour en spirale du village et nettoyer ce merdier et regrouper les miliciens. Après, on contre-attaque et on réduit ces salopards qui attaquent les civils en cendres!”

Umberlee avait levé son lance-flammes. Les miliciens clamèrent à l’unisson, prêts au combat. Umberlee se tourna ensuite vers sa fille.

Umbelee: “Fedorah, j’ai besoin que tu ailles maintenant au Hall de village. Georg, le maire, doit y être allé, dans l’espoir que les miliciens arrivent à se rallier. Tu dois lui apporter ton aide, où sa risque d’être moche, quand on arrivera!”

Fedora acquiesça. L’heure n’était pas aux mots mais à l’action, et elle détala dans les rues et entre les rues du village de Salvario. Quand elle rencontrait des samargolites, elle profitait de l’effet de surprise pour les éliminer en douceur. Elle ne tarda pas à comprendre que les attaquants n’avaient qu’une faible expérience de combat. En d’autres mots, des conscrits fraîchement enrôlés.

Fedorah: *Si nous avions affaire à des vrais soldats, nos chances auraient été nettement plus faibles.*

Dores et déjà, la milice ripostait contre les envahisseurs par endroits. Quand Fedorah annonçait qu’elle se dirigeait vers le centre du village, les miliciens la suivaient. Rapidement, elle se trouva à la tête d’un groupe d’hommes et de femmes en armes, de toutes les races d’Anauroch, qui suivait ses ordres par respect pour ses compétences aux combat supérieures. La plupart étaient ouvriers, marchands ou mineurs, la Monster Hunter semblait la meilleure option pour diriger le groupe au combat, malgré le fait qu’elle n’avait jamais combattu d’humains auparavant.

Ils finirent par rejoindre le centre de la ville au bout de quelques minutes, elle et une dizaine de miliciens. Des soldats samargolites combattaient les miliciens de Georg avec arbalètes et projectiles magiques. Les miliciens s’étaient organisés en plusieurs lignes derrière des barricades hâtivement montées, dirigés par le maire, Georg, et ripostaient contre les envahisseurs.

Fedorah grimaça. Des deux côtés, les pertes étaient lourdes. Il semblait évident que les attaquants étaient venus pour capturer le village, non pas pour combattre. Ils ne s’attendaient visiblement pas à une telle résistance. Les pertes se comptaient par dizaines de chaque côté, et Fedora connaissait de nombreuses victimes du côté de la défense. Elle se tourna vers ses compagnons de guerre et s’exclama:

Fedorah: “Time to spill blood, brothers and sisters! SALVARIO!”

Elle chargea, pistolets chargés, vers le groupe samargolite qui était pris en tenaille entre les deux groupes de miliciens. Le groupe de Fedorah utilisa des grenades qui creusèrent des brèches dans les rangs des samargolites, permettant à Fedorah et à ceux qui la suivaient de frapper aux points les plus faibles. Les samargolites, pris entre le marteau et l’enclume, leurs flancs en ruines, ne tardèrent pas à tomber. Alors que le dernier attaquant était abattu, une vague de soulagement se fit sentir parmi les miliciens.

Georg: “Fedorah?! Je ne savais même pas que tu étais rentrée, mais tu tombes à pic! On allait se faire tailler, d’ici peu!”

Georg, le maire, était un homme respecté. Dans sa quarantaine, chauve et doté d’une peau hâlée et mate, bien musclé. Un bon spécimen d’humain de la cambrousse. Il avait fait la guerre, et quand il fût élu maire de Salvario, il instaura des contre-mesures en cas d’invasion samargolite: “Chaque volontaire doit être capable de manier une arme et devra disposer d’une carabine B.D.A. Striker de quatrième génération.” C’était une bonne idée, mais personne ne pensait qu’un jour, ils en auraient besoin. Mais si le village tenait maintenant debout, c’était grâce à lui.

Fedorah: “Georg! Désolé, je viens de revenir, j’ai passé la journée avec mon père. Quelle est la situation?”

Georg: “J’en ai pas la moindre idée! La milice est éparpillée dans toute la ville, à combattre, j’ai réuni ceux qui j’ai croisé sur mon chemin ici, mais nos deux groupes ne comptent qu’une partie de la milice, en supposant que les autres miliciens sont encore en vie!”

Fedorah: “Mon père est en train de faire un détour large pour regrouper les hommes, s’il regroupe assez de monde, on a un espoir de repousser l’envahisseur!”

Le vétéran se tourna vers les miliciens qui ne savaient pas vraiment quoi faire.

Georg: “Okay les gars, on fortifie cette position, je veux des fusées de ralliement dans le ciel! Tout le monde doit savoir qu’on se regroupe ici, l’ennemi, on le tient à distance!”

Ce fût le dernier ordre de Georg. Alors qu’il se tenait au milieu de la place, une silhouette colossale apparût derrière lui et le coupa en deux, avant que personne n’ait le temps de réagir.





???: “Peh. Chiens d’Anauroch. Chiens de la mécanique. Vous pensez pouvoir nous repousser avec ça?”

La silhouette se redressa, révélant un colosse en armure noire, armé d’une claymore couverte de sang: impossible de dire si le sang appartenait à d’autres victimes que Georg.

Fedorah: “GEORG!!!?”

A l’unisson, les miliciens tirèrent sur le colosse. Les balles ricochèrent ou furent stoppées nettes par l’armure du monstre. Fedorah jura contre elle-même d’avoir laissé son Vigorous dans sa chambre, mais n’aurait de toute façon pas eu le temps de réagir. A peine avaient-ils commencé à tirer sur le Samargolite qu’il avait disparu. Une giclée de sang vint éclabousser le dos de Fedorah. Elle se retourna pour constater que trois miliciens venaient d’être tués d’une seule taille du monstre en armure noire.
Sans plus hésiter, Fedorah fonça sur son adversaire, les poings en garde, prêts à intercepter la lame de l’immense chevalier noir. Mais ce dernier disparut de nouveau pour réapparaître plus loin, et faire deux nouvelles victimes. En quelques secondes, le Samargolite avait fait six victimes.

Chevalier Noir: “Ce devrait être suffisant. Voilà ce qui arrive quand on résiste.”

Les miliciens, face aux morts atroces de leurs compères, perdirent toute volonté de se battre. La plupart s’enfuirent dans les directions qu’ils purent, d’autres s’écroulèrent simplement pour fondre en larmes. Le chevalier se tenait au milieu de cette scène, calme, immobile face à ce spectacle macabre. Il avait arrêté son agression, et regardait simplement la scène. Il était impossible de lire son expression derrière son épais heaume.

Fedorah n’hésita pas une seconde, et chargea le monstre en armure.

Fedorah: “Pile...BUNKER!”

Fedorah accéléra brusquement et lanca son pied en avant vers son adversaire. Le chevalier ne bougea pas d’un cil, attendant le coup. Le pied de Fedorah atterit au niveau du torse du Samargolite, et enfonca brusquement l’armure. Le chevalier fit un pas en arrière par surprise, alors que Fedorah atterrissait après une pirouette.

Chevalier Noir: “Ho?...Intéressant, il y a de la force en toi! Et tu n’uses pas de magie, ni de mécanique! Très intéressant.”

Fedorah: “Die. Die. Die. Die! DIE! SEAL BREAKER!”

Fedorah joint ses mains en prière et les enfonça dans l’armure du guerrier juste sous le torse. Dans un craquement, la place centrale de l’armure se détacha et vola en éclats, révélant le torse du chevalier noir. Fedorah cria de surprise.

L’armure était vide. A la place, une sorte de brume noire semblait animer l’armure. A l’instant ou l’armure se détacha, la brume s’échappa de l’armure et entoura et immobilisa Fedorah sous une pression intense.

???: “Très bien! Tu es dangereuse, pas étonnant que les conscrits que j’ai pris avec moi soient tombés comme des mouches! Ces incapables n’avaient aucune chance face à une véritable guerrière! Malheureusement, c’est à mon tour. Et il ne vaut mieux pas que je te laisse courir, avec une telle force! ”

Fedorah, toujours immobilisée, fût prise d’effroi. Elle n’avait aucun moyen de résister, et elle sentait la pression s’intensifier brusquement dans ses cuisses.

Fedorah: “Non. Ne…!”

Le craquement fût sec. La douleur intense. Le cri de Fedorah désespéré. La chose qui l’avait assaillie avait brisé ses deux jambes en même temps. Aussitôt, la pression se relâcha et Fedorah tomba lourdement au sol. Elle tenta de se lever, mais constata avec désespoir que ses jambes ne répondaient plus. Dans sa rage, elle dégaina ses pistolets et vida les chargeurs sur la brume, qui était retournée dans l’armure.

???: “Ho? Toujours un esprit de guerrier? Ou est-ce de la folie? Peu importe, avec de telles jambes, tu n’iras nulle part. Sache cependant que, si jamais ça t’intéresse, tu te défoules actuellement sur une simple marionnette. Je suis Krin, l’Enfant de l’Orage. Viens donc me chercher! Haha! Je rigole, bon séjour dans un lit pour le reste de ta vie!”

Fedorah appuyait toujours sur les détentes de ses pistolets, mais aucune balle ne partait. Et cela importait peu. Elle avait tout perdu. L’armure se retourna et marcha d’un pas calme en direction de la sortie du village, laissant Fedorah, brisée, seule sur la place, entre les dépouilles de miliciens et de conscrits samargolites et les flaques de sang. Fedorah, épuisée, finit par perdre connaissance.




Umberlee: “Réveille toi, petite. Comment te sens-tu?”

Fedorah ouvrit les yeux. Elle était dans son lit. A ses côtés, se tenait Umberlee. Derrière lui, se tenait un grand Syrium aux cheveux argentés dans un uniforme noir, la mine sombre.
A la vue de l’uniforme, les évènements qui avaient mené à sa perte de connaissance lui revinrent brutalement à l’esprit. Dans un geste d’angoisse, elle se recroquevilla dans le coin de son lit et enfouit sa tête dans ses jambes.

Les deux autres hommes restèrent silencieux pendant qu’elle reprenait ses esprits. Puis Fedorah réalisa qu’elle pouvait bouger ses jambes. Elle arracha sa couverture et la jeta hors du lit.

Elle soupira. Elle reconnaissait les bottes qu’elle n’avait pas au pieds, mais ce n’étaient pas les siennes. Elle avait aussi de nouveaux gants, de bonne facture, mais qui ne lui appartenaient pas. Elle toucha son dos. La pièce dorsale était en place. Elle examina enfin les brassards qu’elle avait au niveau des cuisses et des biceps.

Fedorah: “...Tu n’aurais pas dû...Tu n’aurais pas dû.”

Elle tenta d’ouvrir la fenêtre par télékinésie. Elle était adepte de magie anaurite, dont elle se servait tous les jours. Mais la fenêtre ne bougea pas d’un poil. Toute la magie qu’elle possédait était enchaînée, était utilisée pour alimenter son exo-armure.

Umberlee: “Le Salvere Alpha est à toi, un point c’est tout. Tu m’as aidé à le monter et a vérifier qu’il était fonctionnel… Il te revient de droit. De toute façon, j’ai des plans fonctionnels. Zerva, ici
présent, s’engage à rapporter ces plans à Blue Day, pour une examination par le Conseil et les chercheurs du HCAA. Leurs travaux, joint avec mes trouvailles, devraient permettre de doter l’armée de soldats en exo-armures dans les plus brefs délais.” La voix d’Umberlee tremblait. Son visage restait ferme et sérieux, mais Fedorah devinait qu’il s’en voulait: Quel parent pouvait rester calme, quand sa fille avait été victime d’un tel drame la veille?

Fedorah: “Ce n’est pas ta f…”

Umberlee: “Non. S’il te plaît.” Umberlee soupira. “Nous avons parlé en détail du Salvere Alpha hier. C’est la première exo-armure anaurite, mais restera aussi la plus puissante pendant un moment, du fait de l’intégration de technologie ancienne. Prends-en soin… Tu n’as pas le choix en la matière.”

Le syrium prit alors la parole. Sa voix collait à son apparence: Solide, neutre, professionnelle, efficace. Malgré tout, on pouvait discerner une certaine sympathie dans sa voix. Fedorah devina que lui et Umberlee se connaissaient de longue date.

Zerva: “Umberlee, je n’ai pas beaucoup de temps devant moi. Il me faut les plans.”

Umberlee: “Bien sûr. Fedorah, reste ici. Tu dois encore récupérer.”

Les deux hommes quittèrent la pièce. Fedorah ne perdit pas un instant, et au lieu de se ralonger pour se reposer, se mit au bord du lit et s’assit.

Elle devait s’habituer à ses nouveaux membres. Pas question de rester au lit. Elle se redressa et tomba lourdement au sol.

Sans broncher, elle tenta de se relever.

Tomba encore.

Elle tenta à nouveau de se relever…


Deux semaines plus tard. Fort Azurath, une des bases du HCAA qui défend la frontière avec Samargol. Cette base est occupée par le bataillon des Akaviri Raiders, sous le commandement du commandant Zerva. Ce dernier ce tient en haut d’une tour d’observation, inspectant lui-même les alentours de la forteresse, le territoire qu’il a la charge de défendre avec ses hommes. La guerre dure depuis deux semaines seulement, les escarmouches sont encore fréquentes et vives. Plusieurs sorties sont faites chaque jour pour contrer les intrusions Samargolites. Les Akaviri Raiders tiennent bien leur ligne, pense Zerva, avec une fierté modérée par les années d’expériences. Un bruit de porte qui s’ouvre s’entend derrière lui. Le commandant se retourne. Deux de ses hommes, un silvi et un nain portant l’uniforme des Akaviris passent la trappe qui permet d’accéder au sommet de la tour d’observation sur laquelle ils se tiennent.

Silvi: “Mon commandant, un volontaire vient se présenter pour rejoindre les Akaviris.”

Nain: “On lui a fait passer le test d’aptitude, on a un bon gros 10/10. Elle dépasse le niveau de beaucoup d’entre nous, c’est vraiment une badass. On ne l’a pas encore interrogée sur son passé, mais vu que les Akaviris sont autorisés à recruter les criminels, on s’est dit que ça ne poserait pas de problème.”

Une femme passa la trappe. Elle ne portait pas d’uniforme, mais un gros sac de voyage.

???: “Eh bien… Salutations, monsieur Zerva, vous avez le bonjour de mon père, Umberlee.”

A la vue du volontaire, l’expression du commandant se figea.

Fedorah se tenait devant lui, plus resplendissante que jamais.

[Fin du chapitre 1]

"Day [Redacted], Month [Redacted], year [Redacted] of the Royal Calendar.

My name is Fedorah Oldath, Decurion of squad 7, twelfth  century of the Akaviri Raiders. And today is my first day back to war, after one year of planning, preparing, and building.

For most of my adult life I have been a monster hunter in Anauroch. My homeland is a wild place, filled with monsters and wonders alike. Hunters are well-respected in Anauroch, but unfortunately they don't tend to live very long. However, as an adult in Anauroch I have also served with my hometown's militia, where I was grievously wounded during an attack by Samargolite invaders. It is only thanks to my father,  the Great Inventor Umberlee, that I have recovered from my wounds, using the first prototype of Anaurite Exo-suit, the Salvere Alpha.
My recovery sparked a renewal of the Anaurite war machine. Soon, all elite troops would be equipped with armors similar to mine. Strategists came up with new methods to use our heavy infantry's newfound strength.

The Samargolites thought they'd win this war when they introduced the Grimgaunts to the battlefield.
The only thing they did is awaken a very, very angry lion.

Anauroch fights back, pushing back the invaders out of our homeland. And after much preparation, I will once again fight for my country, in my own special way."